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Lucky Schwartz.
monsters are real, ghosts are real too, they live inside us, and sometimes, they win



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ça va être tout noir
Lucky Schwartz
Lucky Schwartz
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

+ TES PRIERES : 2
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 08/02/2014
+ LOCALISATION : A l'hopital, ou dans un bar. ou chez moi, je ne sais pas trop.
+ EMPLOI/LOISIRS : Hum ... Opérer ? Ausculter ? Consulter ? Faire payer les opérations, peut-être ?
+ HUMEUR : Moqueuse

ça va être tout noir

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MessageSujet: Lucky Schwartz.   Lucky Schwartz. EmptyDim 9 Fév - 21:39


Lucky Shwartz
« L'avantage des médecins, c'est que lorsqu'ils commettent une
erreur, ils l'enterrent tout de suite... »


NOM ; Schwartz PRENOM(S) ; Lidka, changé en Lucky DATE ET LIEU DE NAISSANCE ; 13/10/1987 à Moscou AGE ; 27 ans NOM DU DEMON QUI TE POSSEDE ; Ether ORIGINES ET NATIONALITE ; Mes deux parents sont russes, et j’ai vécu à Moscou jusqu’à mes 6 ans. Par la suite, mes parents ont émigré en Ecosse. ETUDES/METIER ; Médecin l’hôpital de Misty Hill. ORIENTATION SEXUELLE ;  Un peu nymphomane sur les bords, ça vous va ? STATUT ; Célibataire. Sincèrement, c’est mieux comme ça. SITUATION FAMILIALE ; Seule, alléluia ! Mes parents sont restés dans leur petite maison de campagne. Il n’y a qu’Anna, ma sœurette, avec qui je garde contact. SITUATION FINANCIERE ; « On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a » GROUPE ; La petite mort CELEBRITE ; Helena Bonham–Carter

━━━━━━━━━♢━━━━━━━━━
« Non, sincèrement, non. Ce n’est pas facile de me définir, vraiment pas. Le truc, c’est que je ne rentre dans une aucune case. On a déjà essayé, mais ça ne marche pas – dommage. Après, si vous y tenez, je peux vous faire un petit résumé, plein de contradictions et de trucs étranges. D’abord, je ne suis pas une gentille fille, dans un aucun sens du terme. C’est-à-dire que je couche avec des gens – eh oui –, que je fume, que je bois, qu’il m’arrive même de sortir et de ne pas trouver le chemin pour rentrer. Paraît que c’est un truc de médecin que de se bourrer la gueule, alors il faut bien, hein. Bon. Sinon, on m’a souvent dit que j’étais blasée, cynique, parfois blessante. C’est vrai que l’ironie, c’est mon truc. Les vannes méchantes aussi. Mais au fond, je ne suis pas quelqu’un de mauvais. Sinon, je m’emmerderais pas à faire douze ans d’études pour sauver des gens, croyez moi. Mais passons. J’aime bien les gens, tant qu’ils ne sont pas trop proches. Proches comme des amants, des amis, des frères. La solitude, j’aime bien ça. Et je ne dis pas ça pour faire la pauvre fille torturée au passé difficile ou que sais–je. Sincèrement, on est mieux seule. Personne à qui rendre de comptes et, pitié, ne me parlez pas de fidélité. Je ne comprends pas Anna, déjà mariée et entourée de gens. Sinon, pas grand-chose. J’adore le gingembre, la poésie de Baudelaire, les vieux films en noir et blanc, les soirées alcoolisés, les cigarettes après l’amour (et aussi celles avant), les histoires glauques, les gens malades et les vacances au soleil. Ahahah, non. Je hais les plages et les boulevards plein de gens en short. Ça pue le touriste et le déodorant premier prix. Mon truc, c’est les grands espaces déserts et la beauté froide de l’hiver. C’est pour ça que je me plais déjà ici,  même s’il y  a cette petite voix dans ma tête. »
questionnaire
+ Habites-tu depuis longtemps à Misty Hill ? Et que penses-tu des habitants, de l'atmosphère et des mœurs ?

Je suis arrivée il n’y a pas si longtemps que ça, un an et demi à peu près. Mon tuteur m’a envoyé ici, en me disant que j’étais la seule assez forte pour supporter un internat ici. Il avait tort … Comment ne pas apprécier cette ville ! Ses habitants mystérieux, ses rues glauques, son hôpital qui ressemble davantage à un abattoir, ses bars remplis d’hommes étranges … Que du bonheur ! D’accord, d’accord, trêve de plaisanteries. C’est un endroit bizarre, sinistre. Si ma mère posait un pied ici, elle deviendrait hystérique et invoquerait tous les saints. Cette ville semble un nid à emmerdes et à phénomènes étranges. Et ce serait mentir de dire que cela ne me plaît pas.

+ Te souviens-tu des agissements de ton hôte ?

Il y a énormément de moments de ma vie dont je ne me souviens pas. Hier soir par exemple, je me souviens seulement d’avoir ouvert une bouteille. Mais généralement, oui, je me souviens. Pas juste après, mais j’ai souvent droit à un petit flash quelques jours plus tard. C’est un suspens intenable, car vous vous doutez que j’aimerais savoir ce qui a pu arriver, quand même. Généralement, je me vois en train de me tordre de rire, de faire des trucs un peu étranges. On aurait déjà dû m’arrêter, sachant qu’Ether adore aller se percher en haut d’un lampadaire et que ça peut sembler étrange pour les passants. Mais visiblement, c’est normal dans le coin. Donc Ether continue. Généralement, elle aime rentrer à l’hôpital la nuit, monter sur les lampadaires, et frapper à la porte d’une maison vide. C’est presque drôle, alors je ne cherche pas plus loin. Pas que partager mon corps avec une drôle de timbrée m’enthousiasme spécialement, mais c’est toujours mieux que le passage « psychiatre ». Et puis elle ne semble pas dangereuse, cette Ether …

+ Quel sentiment le nom des "Enfers" t'évoque-t-il ?

Une myriade de charmants tableaux dans les tons rouges, noirs et gris. Le genre qui fait frissonner. Avec des flammes et du sang de préférence. Je n’ai pas peur de l’Enfer, ni du Paradis. Je ne crois pas en Dieu. Les Hommes finissent toujours par mourir. Ce n’est pas Dieu qui les sauve, pas le Diable qui les torture ; en revanche, la médecine peut sauver. Ou faire souffrir, d’ailleurs. Mais là n’est pas la question. Je suis trop rationnelle pour croire en ces conneries. L’Enfer, ça ne m’évoque pas grand-chose, sauf peut–être Sartre, qui disait que « l’Enfer c’est les autres ». Et il n’a pas tort.

+ Ressens-tu une présence à ton côté continuellement ? As-tu conscience d'être possédé(e) ?

Possédée, possédée, tout de suite les grands mots … Disons qu’il y a une voix dans ma tête, comme vous en avez une aussi. La petite voix qui vous rappelle d’acheter le pain, qui réfléchit sur le programme de l’après-midi ou résonne quand vous lisez un bouquin. Pour moi, c’est un peu le même principe. Sauf que la petite voix ne se tait pas quand je lui demande. Et puis parfois elle devient envahissante, et là ça part en cacahuète. Je l’ai baptisé Ether. Pas qu’elle m’ai dit son nom, mais elle me suit depuis que je suis arrivée dans ce foutu hôpital et que j’ai fait un tour au troisième. Elle a une voix plate et froide, un peu comme ce sale anesthésiant qu’on utilisait il y a un certain temps. Pas que je ne la prenne pas au sérieux mais, bon, pour l’instant, elle se contente de me taper la discute et éventuellement de faire quelques conneries. Y’a pas mort d’hommes.

+ Comment réagis-tu lorsque tu entres dans un lieu saint ? Lorsque tu touches un objet saint, une croix par exemple ?

Vous vous doutez certainement que je déteste les églises, les crucifix, ces conneries. D’ailleurs, lorsque quelqu’un en a un, ça me gêne extrêmement. Allez savoir pourquoi, ça me fout la gerbe et j’ai le réflexe de m’éloigner. Ça doit être un traumatisme ou un truc comme ça, ma mère me forçait à aller à l’église quand j’étais gosse – et elle me forçait à porter des robes à fleurs pour l’occasion, voyez le traumatisme. Honnêtement, je n’ai pas cherché à forcer. Il y a quelque chose qui me dit que je n’ai rien à faire avec ces bondieuseries.

+ Si tu devais te positionner, choisirais-tu de suivre la débauche et les démons ou prendrais-tu la voie de la raison ?

Le diable évidemment ! Puisque les gentils ne savent pas s’amuser, ne savent pas être sincères et sont chiants comme la mort. Sans parler de tous ces prêtres – il y en a une sacrée flopée dans le coin – qui ont l’air assommants. Je veux dire l’Eglise, la Raison, la Lumière, qui y croit encore ? A part brûler des roux et interdire à de pauvres filles de copuler, la Raison n’a pas fait grand-chose. Au moins, le diable n’a aucune prétention : il veut s’éclater, boire, manger, prendre son pied, et puis les autres … Tant pis pour eux. Je ne prétends pas être une fille bien, c’est trop compliqué. En tant que future médecin, on me prend pour la bonté incarnée. Mais ne rêvez pas, hein :  ce n’est pas gratuit, une opération.


CYNIQUE
SOLITAIRE
TEMERAIRE
MOQUEUSE
”SANS COEUR”
SEDUCTRICE
RIT FORT, CRIE FORT
MEDECIN

✤✤✤✤✤

derrière l'écran
PRÉNOM/SURNOM ; Lucy AGE ; 18 ans SEXE ; Aucun, je suis une plante verte. COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM?  ; Dans la case « partenariat » d’un autre forumET COMMENT TU LE TROUVES? ; Le concept est plaisant, mais le design … J’ai dû foutre la luminosité au maximum et zoomer pour voir clairement xD EST-CE QUE VOUS SOUHAITEZ ETRE PARRAINE ? ; Qu’est–ce donc que parraine ? PEUT-ON ON FAIRE UN PREDEFINI DE VOTRE PERSO. SI VOUS ETES SUPPRIME ? ; Si cela vous chante !CODE RÈGLEMENT ; Dans le doute, je mets les deux : L.S & Psaumes AUTRE CHOSE A AJOUTER? ; Non x)



Code:
[color=firebrick]◗[/color] [b]Helena Bonham–Carter[/b] – Lucky Schwartz

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MessageSujet: Re: Lucky Schwartz.   Lucky Schwartz. EmptyDim 9 Fév - 21:41


your fairytale
« J’ai arrêté de chercher le monstre sous mon lit quand j’ai réalisé qu’il était en moi »


raconte donc ton histoire


« Qui dit Russie et 1986 dit fin de l’USSR. Et qui dit fin de l’URSS dit « adieu, soviets, adieu Lenine, bonjour libéralisme économique ! ». Evidemment, lors de la fin officielle du système, je n’avais que cinq ans. Je ne me souviens pas de grand-chose, à part d’un discours à la télé le soir de Noël, et de mes parents en train de pleurer. Ce que je sais sur cette période, ce sont mes parents – ma mère, surtout – qui me l’ont raconté. Pour faire bref, mon père avait une place importante au KGB. Cela signifie, grosso modo, qu’il avait pas mal de poids dans la société moscovite. Nous vivions dans un grand appartement en plein cœur de ville – quelque chose qui valait une fortune – avec la télévision, une platine vinyle, et un tas de chose d’une grande modernité. Malheureusement, juste après la chute du mur et la démission de ce cher Gorbatchev, mon père passa du statut d’agent secret respecté à celui de chômeur sur la sellette. Des journalistes frappaient à notre porte, il recevait des insultes, des menaces. On disait qu’il avait contribué à tout un tas d’horreurs. Moi, je ne l’ai jamais cru. Mon père était un homme droit, qui ne parlait pas souvent, mais avec un sens de la justice aigu. Jamais il n’aurait pu tuer qui que ce soit, à moins que ça n’ai été mérité.»

**

La situation était devenue bien trop tendue, et Mikel Schwartz ne pouvait plus rester au pays. Un matin, alors que le soleil éclairait de sa lumière froide le bureau de Mikel, celui–ci prit une décision. Depuis deux ans, sa vie était un enfer. Les procès succédaient aux menaces, ces dernières répétées et gravées sur les murs du hall de son immeuble. Plus rien ne tournait rond, et le compte en banque de l’homme, autrefois alimenté par le gouvernement, se vidait pour les avocats, les pots–de–vin aux journalistes mais aussi – et c’est cela qui l’effrayait – en armes, car la peur que l’on attaque sa maison l’envahissait de plus en plus. Vassa dormait encore, et il entendait Lidka qui parlait toute seule dans sa chambre. La grande horloge sur le papier peint fané indiquait six heures du matin. Mais sa décision était prise. Il se leva brutalement, attisa le feu dans la cheminée avant de ramasser à tour de bras tous les papiers sur son bureau. Les preuves, les factures, les lettres, les secrets–défenses, il ne laissa rien passer. Tout partit au feu, et il admira un instant la beauté des flammes qui dévoraient le papier froissé. Il se dirigea vers sa bibliothèque pour s’emparer d’un atlas et l’ouvrit en grand. Les mers, les océans, les pays. Le monde était vaste, mais la Russie envahissait toute sa vue. Comment échapper à cette immense tâche ? Les Amériques étaient trop lointaines, et trop évidentes. L’Afrique, l’Asie, il ne pouvait pas y songer : sa femme ne supportait pas les climats chauds. Lui restait l’Europe.
Deux heures plus tard, les valises étaient faites. Vassa, les yeux encore rouges d’avoir pleuré mais emplis de courage, tenait la petite Lidka par la main. Mikel guettait l’arrivée du taxi qui les emmènerait à la gare tandis que sa femme regardait pour la dernière fois l’appartement où ils avaient vécu plus de dix ans, et où elle laissait une bonne part de sa vie.

– Maman, on va où ?

**

Il fallut trois jours à la petite famille pour arriver jusqu’à Edimbourg, et encore deux pour se perdre dans la campagne et atteindre leur nouveau logis. Vassa ne dit rien, mais n’en pensa pas moins. La maison, que Mikel avait acheté en liquide à un propriétaire véreux, était en mauvais état, sale, austère. La petite famille se tenait, silencieuse, devant la baraque qui semblait sur le point de les dévorer.

– Bienvenue chez toi, Lucky, dit alors Mikel
– Je m’appelle Lidka, pas Lucky.
– Maintenant, tu vas t’appeler Lucky, c’est plus anglophone.
– Je m’appelle Lidka !
– Lucky, ça veut dire « chance ». Tu ne veux pas être notre chance ?

Lidka, devenue Lucky, ne répondit rien, se contentant de toiser le paysage. Elle ne comprenait plus grand-chose. Seulement que maman attendait un bébé et qu’ils allaient vivre dans cette bicoque repoussante. Alors oui, ils auraient surement besoin de chance.


––––––––––––––––
~ 10 ans plus tard ~

– Je veux pas y aller, Lucky !
– Anna ! Enfin ! Fais ça pour moi !
– Nan, nan, nan !
– Si tu ne viens pas, je dirais à Maman que c’est toi qui finit chaque fois la vodka !
– Lucky, t’as pas le droit de faire ça !
– C’est bon, on va pas te sacrifier Anna ! Il faut juste que tu viennes ! T’es la seule vierge du coin je te signale !
– C’est pas vrai, s’offusqua–t–elle en rougissant, il y aussi Agnès !
– Elle a sucé Brandon derrière un tas de foin, ça ne compte pas vraiment … Allez Anna, sois coopérative merde, tu vas pas crever !

Anna renonça à argumenter. C’était le soir d’Halloween et , avec Brian, John, Matthias et Elenore, Lucky voulait se rendre jusqu’à Misty Hill. On disait la ville hantée par des démons, et que le seule moyen de les tenir à distance était de se promener avec une jeune vierge. Anna, du haut de ses 13 ans, tenait de sa mère ses grands yeux bleus un peu niais et ses longs cheveux châtains clairs. A cet air angélique se joignait un caractère similaire. Anna, effacée avait un sens de la droiture et de la morale déjà très développé. A la voir, on ne pouvait se douter que le sang dans ses veines avait une quelconque similarité avec celui de Lucky. Agée de dix–sept, Lucky faisait déjà tourner les têtes : son visage, que l’épais fard à paupière noir autour de se yeux faisait paraître encore plus pâle, se paraît toujours d’un sourire aguicheur. Elle ne s’habillait pas comme les autres filles de son âge, préférant aux talons et aux robes les bottes et les t–shirts larges. Et cette négligence à la limite du vulgaire plaisait, ce qui rendait les autres filles folles. Elle avait une présence imposante, l’une des rares devant lesquelles Anna ne pouvait que ployer. Une fois de plus, c’était le cas, et Anna allait suivre sa sœur dans l’une de ses innombrables conneries.

– Alors, on y va ? demanda sèchement Brian.

Brian, le fils du cordonnier, était un garçon stupide qu’Anna trouvait obsédé et vil. Récemment, il avait appris à conduire et, profitant du sommeil de son père, avait volé sa voiture pour conduire jusqu’à Misty Hill, situé à une quinzaine de kilomètres. Les six s’entassèrent comme ils le purent dans le vieux véhicule, qui peina à démarrer. Ils roulèrent pendant un bon quart d’heure avant qu’un panneau “Misty Hill, 2 miles » apparaisse sur leur droite. Brian s’arrêta brutalement, Et Anna faillit tomber en avant.

– On peut plus rouler, c’est trop risqué pour les pneus. Si je les crève, le vieux me tuera. Faut marcher.

Lorsqu’il coupa le moteur, un grand silence se fit. On n’entendait aucun bruit, sinon ceux de la forêt et, l’air de rien, chacun commençait à avoir peur. Anna sentait son cœur battre plus fort, et elle se retourna vers Lucky qui, sans perdre son calme habituel, ouvrit la portière et sortit. Ils suivirent le chemin pendant un moment avant d’apercevoir les premières maisons. Celles–ci semblaient closes, ou abandonnées.

– Je meurs de froid ! se lamentait Elenore, est–ce qu’on pourrait rentrer dans un bar ?

En effet, la température à Misy Hillé s’approchait du zéro, et des gouttes d’humidité perlaient sur les doigts d’Elenore. Ils se concertèrent rapidement et entrèrent dans le premier bar qu’ils croisèrent. Aucun d’entre eux, et surtout pas Anna, n’avait l’âge légal pour fréquenter ce genre d’endroit, mais personne ne leur en fit la remarque, et les adolescents commandèrent tous de l’alcool.

– On se croirait vraiment dans un film d’horreur, fit remarquer John à voix basse.

La salle principale, où le petit groupe avait pris une table, ne possédait que trois fenêtres, obstruées par d’épais rideaux pourpres. Les murs moisissants étaient recouverts d’un papier peint fade que l’humidité et la pourriture avait tâché. Cinq hommes, plus loin, fumait des cigares, et l’épaisse fumée qui s’en dégageait donnait à la scène un air surréaliste. Au fur et à mesure que le temps passait, Anna se sentait de plus en plus oppressée. La nausée l’envahissait, elle tremblait. Brian voulait sortir de la rue principale pour se rendre jusqu’au vieille asile au loin, qu’on disait hanté. Lucky ne semblait pas les écouter, et ne parlait pas non plus, ce qui était inhabituel en soi. La cigarette au bec, elle observait les hommes aux cigares d’un air pensif, se demandant s’ils étaient réellement cinq.

– Je reviens, dit–elle soudain, faut que j’aille aux toilettes.

Elle adressa un sourire à la pauvre Anna, qui semblait sur le point de défaillir, et se leva. Elle se dirigea, mue par la curiosité, vers la table des hommes aux cigares.

– Excusez-moi, messieurs, je peux me joindre à vous ? demanda–t–elle

Tous se retournèrent. Leurs visages étaient étrangement similaires : pâles, entourés de cheveux noirs, avec de grands yeux sombres. Après un instant à la regarder, ils se détournèrent d’elle et reprirent leur conversation.

– Je vous ai demandé quelque chose, dit Lucky, plus ferme. Répondez-moi.

Ils l’ignorèrent de plus belle. « Très bien » dit–elle pour elle-même. Elle fit demi–tour, s’empara d’une chaise un peu plus loin, la posa bruyamment entre celles de deux des hommes et s’assit dessus. Son action provoqua quelques regards en coin, mais personne ne daignait toujours lui adresser la parole.

– Qui vous êtes ? Et pourquoi vous m’ignorez ? Il faut que je me déshabille pour que vous me regardiez, c’est ça ?

Ils ne réagissaient toujours pas. Lucky ne supportait pas d’être ignorée. Brutalement, elle attrapa l’un des cigares posé au milieu de la table, le porta à sa bouche et l’alluma. La bouffée qu’elle aspira lui fit violemment tourner la tête. Elle avait déjà volé à son père quelques-uns de ses cigares, parmi les plus forts sur le marché, et pouvait se vanter d’y avoir survécu. Mais ceux–là semblaient différents. Elle pouvait sentir la fumée entrer dans ses poumons puis s’infiltrer dans tout son corps. Elle faillit s’étouffer. Elle se sentait presque asphyxier mais, résignée à impressionner la tablée, fit comme si de rien n’était. Tous s’étaient tus et, cette fois–ci, elle avait gagné leur attention.

– Vous ne devriez pas fumer ceci, mademoiselle, dit l’un des hommes.
– Réellement pas, c’est mauvais pour vous.
– Qui vous êtes ? demanda–t–elle
– C’est un peu compliqué, mademoiselle.
– Même très compliqué.
– Je vois que vous avez emmené une jeune vierge. Vous croyez à ce genre de choses ?
– Je crois que … Que vous êtes différents … murmura–t–elle
La tête lui tournait. Les visages des hommes se transformaient devant elles, et le brouillard de la pièce lui semblait de plus en plus opaque.
– C’est une belle nuit que celle d’Halloween. Il y a toujours des naïfs pour venir jusqu’ici. Les démons ne vont pas être contents.
– Démons ? demanda-t-elle, à moitié anesthésiée.
– Démons.
– Ce serait dommage que vous y restiez, fuyez.
– Quoi ? Dommage ?
– Vous êtes aussi mauvaise qu’eux le sont. Vous ne devez pas être tué par eux, vous devez les rejoindre. Alors fuyez.

Lucky, au bord de l’évanouissement, laissa tomber le cigare et se releva. Elle fit quelques pas titubants et se dirigea comme elle put vers la table des autres. Elenore et Matthias étaient de nouveau collés, face à John qui descendait songeusement une pinte de bière. Sans savoir pourquoi ni comment, elle venait de prendre conscience d’un danger. Pas d’un danger venant des hommes aux cigares, un danger extérieur, plus grand.

– Il faut partir … Où … Où est Anna ? demanda Lucky, dans la brume.
– Partie prendre l’air avec Brian. Et on va pas partir maintenant, il faut visiter le cimetière !

Bien que le bar soit minuscule, Lucky peina à trouver la sortie, slalomant difficilement entre les tables. Lorsqu’elle ouvrit la porte, l’air piquant de la nuit envahit ses poumons, et elle retrouva un peu ses esprits. Elle reconnut sur sa gauche la voix de sa sœur et s’avança dans cette direction. Brian la tenait plaquée contre le mur, ses deux énormes mains sur les hanches de la jeune fille.

– Hé ! Lucky ! l’apostropha-t-il en la voyant, on a vraiment besoin d’une vierge ? Parce que je me la ferais bien, tu vois !

Il fallut quelques secondes à Lucky pour réaliser ce qu’il se passait. Elle se dirigea vers Brian et le frappa mollement. Son corps réagissait au ralenti, et sans aucune force. Anna retenait ses larmes difficilement, hurlant comme elle le  pouvait. Elle cessa immédiatement de crier lorsqu’elle aperçut cinq silhouettes au bout de la rue. Cinq hommes, exactement similaires, pâles aux yeux sombres, qui marchaient vers eux d’un pas régulier. La jeune fille écarquilla les pupilles, encore plus terrorisée. Lucky, que Brian avait maitrisé sans difficulté, était allongée sur le sol, à moitié assommée, du sang perlant le long de l’arcade. Elle aussi vit les cinq hommes, et les reconnut. « Aidez-moi, aidez-moi je vous en supplie » répétait–elle intérieurement. Brian n’avait rien remarqué, et avait collé sa bouche rugueuse contre les lèvres d’Anna qui se débattait faiblement. Puis les cinq s’arrêtèrent d’un seul coup. Avec un sifflement, cinq lames fines partirent en même temps. Deux se logèrent au niveau des genoux de Brian, une à l’emplacement de son cœur et une en plein dans son crâne. La dernière finit sa course sur le sol, juste à côté de la main de Lucky. Brian resta immobile un instant, puis son cadavre, dont les yeux vides fixaient Anna tétanisée, s’effondra par terre. L’un des cinq hommes se détacha du rang. Il s’approcha de Lucky et lui tendit la main. Lorsqu’elle se fut relevé et que sa vision eut finit d’accommoder, elle put observer l’homme. Il avait quelque chose de différent des autres : l’un de ses yeux n’était pas noir, mais gris. Il passa la main dans les cheveux bouclés de la jeune femme, l’air songeur.

– Personne ne fait de mal à l’un des nôtres.
– Je suis … Je suis pas l’un des vôtres … dit Lucky en reculant vivement (ou du moins ce qu’elle considérait comme vivement)
– Pas encore, mais cela ne saurait tarder.


––––––––––––––––
~ 10 ans plus tard ~
Lucky et Anna n’avait plus jamais reparlé de Misty Hill. Anna semblait avoir oublié ce qui s’était passé, ne gardant de cette nuit d’Halloween que le souvenir d’avoir bu une bière avec sa sœur et quelques autres personnes dans un endroit étrange. Elle ne se souvenait pas de Misty Hill. Brian, John, Elenore et Matthias, eux, furent portés disparus. Comme le père de Brian ne retrouva pas sa voiture le lendemain, les autorités locales conclurent que les quatre adolescents avaient fugué, ce qui était chose courante dans ce genre de village perdu, et les recherches ne furent pas prioritaires. Dix ans plus tard, les parents des quatre disparus étaient tous morts, et l’enquête fut définitivement enterrée. Lucky s’était toujours gardée de dire la vérité. Pour se protéger, elle et sa sœur, mais aussi car elle–même n’était pas réellement sûre de ce qui s’était passé cette nuit–là.


**

« Depuis, Misty Hill, c’était une sorte de mythe. L’homme aux yeux vairons aussi. Je voulais y retourner, parce qu’il y avait un truc étrange là–bas. Je venais de finir –enfin– mes études de médecine à Edimbourg, et on devait me trouver un hôpital où commencer ma brillante carrière. J’imagine que certains hasards n’en sont pas vraiment, et vous vous doutez déjà de la suite. Mon tuteur m’a convoqué et, l’air complètement paniqué, m’a indiqué que j’exercerais à Misty Hill. A ce moment-là, j’ai senti mon cœur louper un battement. Misty Hill, c’était … C’était ce que je voulais le plus au monde et ce qui me terrifiait en même temps. J’aurais pu refuser  ce poste, étrangement bien payé, soit dit au passage, mais c’est la curiosité qui l’a emporté, et j’ai dit oui. Deux jours plus tard, j’ai fait mes valises et je repartais là où j’avais commencé : au fin fond d’une campagne écossaise. Anna n’avait pas bougé de la région, elle habitait à une vingtaine de miles de chez papa et maman, avec son mari, Henry, un fils de paysan qui avait raté ses études de droit et était revenu au pays. Elle avait réussi à transformer la maison miteuse qu’ils avaient acheté en une demeure lumineuse et agréable et, toujours positive comme elle l’était, à voir son village pourri comme un « endroit charmant ». J’ai passé deux jours là–bas, entre Henry l’idiot et elle, enceinte jusqu’au cou alors qu’elle avait à peine 21 ans. Je ne la comprendrais jamais. Mais bon, si elle est heureuse comme ça, pourquoi pas. Ensuite, je me suis rendu jusqu’à Misty Hill en payant une blinde le chauffeur de taxi qui refusait de mettre les pieds là–bas. L’hôpital n’était pas spécialement moderne, mais pas non plus vieillot, d’une taille surdimensionnée par rapport à la ville. Il n’y avait rien de bizarre, à part ma chef de service, d’une laideur extrême, qui me dit de faire attention à certains patients. Je pense que dans ce bled minuscule, les gens ont tendance à se marier entre cousins, et que leurs gosses doivent du coup être pas mal perturbés, parce que le nombre de cas psychiatriques est vraiment élevé. Il a fallu que je rencontre Ether pour me rendre compte que cet endroit était réellement étrange. C’était un soir, j’étais resté tard, avec l’intention de visiter le troisième étage, celui où personne n’allait jamais. La seule pièce ouverte se trouvait être une sorte de pharmacie d’un autre temps. Un endroit glauque à souhait, avec des médicaments qu’on utilisait plus depuis un siècle car ils rendaient les patients plus fous qu’autre chose. L’ether, c’est un vieux truc de médecin. Super efficace, pas cher, mais pas mal nocif, qu’on utilisait comme anesthésiant il y a quelques temps de cela. Il y en avait une pleine étagère dans cette pharmacie et, bizarrement, c’était la seule qui n’était pas pleine de poussière, comme si on s’en était servi il y a quelques heures. Evidemment, j’ai été curieuse, j’ai ouvert un flacon – mais je ne l’ai pas reniflé, je ne suis pas stupide – pour voir s’il semblait avoir été utilisé récemment (c’est le genre d’histoire qu’on doit rapporter à l’Inspection, parce que c’est illégal d’utiliser ces produits) et là … Là ça a été le trou noir. J’ai repris conscience alors que j’étais perché en haut d’un lampadaire au milieu de la place publique. J’ai paniqué, évidemment, et me suis vautré au sol misérablement. Il a fallu l’intervention de deux passants pour me ranimer et me trainer jusque chez moi. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire.

Depuis, Ether est là. »




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