Les flammes. Elle sentait cette brûlure sur sa peau, cette chaleur qui la rongeait de part en part. Elle entendait les cris. Hantée par ces images depuis toujours, la demoiselle était simplement incapable de s'en départir, de passer les jours sans les voir, sans y penser, sans y rêver. Son corps de tendait. Les muscles de sa mâchoire se contractaient alors que les cris fusaient dans sa tête, dans ses rêves, faisant souffrir son corps en entier. Ses parents. Quelques fois, tellement peu de fois elle avait pu apercevoir leur silhouette, leur visage tellement paisible. Celui de sa mère, aussi frêle que le sien, aussi tendre. Son regard tellement empathique, cette façon qu'elle avait de le regarder. Son père. Sévère, mais tellement doux à la fois. Son coeur battait trop vite. La sueur perlait sur peau filigrane. Les cris. Les corps calcinés de ses parents. Visages tordus par la douleur. Images qu'elle détestait voir, ressentir.

Ça lui donnait froid dans le dos et c'est pour cette raison qu'elle se réveilla en sursaut, complètement ébranlée, perdue. Son corps était encore pris de soubresaut qu'elle ne pouvait contrôler. Un soupir passa la frontière de ses lèvres tellement fines, ses yeux filaient contre le plafond alors qu'elle tentait de retrouver un peu de calme de bien-être. Trop souvent, elle se réveillait de la sorte et espérait être autre part, ne pas se retrouver dans cet endroit, dans cette foutue maison qu'elle était incapable de quitter. Cinq ans. Cinq ans qu'elle se retrouvait entre ces murs froids, loin de ceux qu'elle aimait, loin de cette vie qu'elle avait. Ses doigts venaient passer lentement contre son visage, elle avait besoin d'une douche, de sentir les jets d'eau froide contre sa peau. Elle se leva de sont lit, soupirant encore, rêvant de quitter cette prison, cette cage dans laquelle elle était coincée depuis trop longtemps. À l'âge de treize ans, elle s'était retrouvée ici, dans cette maison du vice, parce qu'elle maîtrisait trop bien ses pouvoirs, parce qu'elle avait un don depuis son plus jeune âge et qu'elle le contrôlait, qu'elle le ressentait. Trop jeune pour venir ici, mais elle avait toujours refuser de coucher avec des hommes, d'ouvrir ses cuisses à des inconnus pour de l'argent et jamais elle n'avait été forcée à faire cela. Elle ne savait pas pourquoi. Elle ne savait pas comment, mais elle espérait que cela allait rester ainsi. Trop jeune. Jamais un homme ne s'était glissé entre ses cuisses. Encore vierge. Fleur délicate. Quelques touchés impurs avait passé la barrière de sa peau, mais jamais plus. Parce qu'elle refusait et parce que Melech ne forçait pas la blonde à ouvrir ses jambes au bon vouloir des ces hommes.

Elle n'avait pas l'air si fragile pourtant. Aidante, elle tentait de se rendre vers ceux qui en avait besoin, de donner de son temps, de son âme, quand elle le pouvait, mais à être dans le vice, la demoiselle avait appris à mentir, à faire semblant. Elle paraissait douce, mais elle savait jouer, mentir, faire semblant. Pour ne pas se faire prendre, pour ne pas souffrir encore plus. Elle bougea, laissant ses pieds se poser contre le sol un peu trop froid, laissant sa chair tendre se parcourir de frissons, laissant son corps encore engourdi par les souvenirs se lever. Son souffle était encore quelque peu essoufflé, perdu. Il fallait qu'elle se calme. Cet endroit. Cette chambre. Elle détestait pratiquement tout ce qui l'entourait, ce qui gravitait autour d'elle. Si elle était vierge, elle n'était pas pour autant innocente, loin de là. Avec ce qui tournait autour d'elle, elle savait trop de choses et pouvait facilement passer pour une catin comme les autres. Une vierge serait bien trop convoitée par certains hommes et elle n'avait pas envie de se retrouver entre de plus mauvaise main. La demoiselle resta debout un moment, laissant le temps à sa vue de s'ajuster, replaçant la frêle soierie sur sa peau et elle se dirige vers la porte, pour voir si elle était bien fermée, parfois elle espérait que ce ne soit pas le cas. Comme toujours, parfaitement verrouillée. Elle se mit en marche vers la salle de bain. Elle avait besoin de calme. De froid. D'eau. De silence. Elle avait besoin d'être autre part. Hannah avait besoin de calmer ses sens, son mal.

La porte se poussa doucement et elle ouvrit les lumières, restant aveugle quelques secondes et elle barra la porte derrière elle. Ce n'était pas réellement une protection, mais elle ne pouvait pas contrôler les mouvements de Melech et elle n'avait pas envie qu'il entre, qu'il arrive alors qu'elle tentait de se retrouver un peu plus sereine. Le chemin était tellement houleux. La barrière entre le bien et le mal était parfois trop mince, mais elle se battait du mieux qu'elle le pouvait, restant silencieuse, restant lointaine et tentant simplement de résister à ses touchers, à ses avances qui la dégoutaient, mais le déstabilisait pas la même occasion. Il était son bourreau, celui qui faisait frissonner son âme de dégout, celui qu'elle méprisait particulièrement et celui qui la rendait instable, incertaine. Il avait un certain pouvoir sur elle, celui de la déstabiliser et elle le cachait, elle mentait. Prise au piège entre ses doigts rêches, à le détester d'être ce qu'il est, d'avoir fait d'elle ce qu'elle est. Prise entre sa poigne, perdue dans son regard bleuté. De la haine. C'est ce qu'elle ressentait, au fond d'elle, mais c'est tellement facile de se perdre, trop souvent.