Exorciste - Je suis ton pire cauchemar démon
 |  Sujet: she went quietly ; candide Mar 30 Juil - 22:41 | |
|  « Out of the blue in the pouring rain to my doorstep, old and cold, today she came with her story.
I asked her in but she declined, had just one single thing to get off her mind, and that was sorry. »
Sous son comptoir, il priait. Il priait que son relevé bancaire ne fut qu’un tour désopilant de son imagination. A trop combattre et se renseigner sur le monde démoniaque et surnaturel, Nicodème en avait presque oublié le monde réel. Un monde où les apparences vous collent une étiquette sur le front, un monde où l’argent domine tous les hommes. Nicodème McIlrath aimait à penser qu’il était bien au-dessus de tout cela et que l’argent était la dernière de ses préoccupations. Rien n’empêchait que s’il ne payait pas son loyer dans les plus brefs délais, il pouvait dire au revoir à un toit sous lequel il y avait un semblant de sécurité. A Misty Hill, mieux valait un semblant de sécurité qu’une sécurité nulle. L’ambiance à l’extérieur et surtout la nuit était trop malsaine. Nicodème y était habitué, mais ce n’était pas pour cette raison qu’il allait installer une tente pour camper au milieu du trottoir, bien qu’il y ait des sans-abris partout, malheureusement.
La librairie était déserte. Cette chère et grande librairie. Il l’a tenait de son père, qui l’a tenait lui-même de son grand-père. Certains des livres entreposés étaient si vieux que Nicodème lui-même n’était pas certains de leur contenance. Ces livres n’étaient d’ailleurs qu’en très petit nombre entreposés, la plupart se trouvant dans l’arrière-boutique. Cependant, le rayon des sciences occultes, particulièrement appréciés mais très rarement avoué, regorgeait de certains de ces livres suspicieux à l’odeur de soufre et de bois mouillé.
Nicodème émergea de derrière le comptoir. L’heure n’était pas au compte. Il n’avait pas la tête à ça et avait d’autres priorités. Il se leva de son tabouret pour s’enfoncer plus profondément dans sa librairie. L’entrée était plutôt grande, avec des livres disposés sur des tables, tables creuses composées d’étagères où étaient posées d’autres livres. Chaque centimètre du mur était également recouvert de livres. Plus le visiteur s’éloignait de l’entrée, plus il s’éloignait de la nouveauté et de l’odeur des livres neufs. Après être passé par un long couleur, regorgeant bien sûr de livres de toutes tailles, Nicodème atterrit dans la dernière pièce, de la même dimension que la pièce de l’entrée, mais les sujets des livres étaient tout autre. De grandes étagères étaient disposées en plein milieu de la pièce. Il y avait maintenant des livres plus anciens, des livres d’histoire, des livres sur la science religieuse, des textes en grec et en latin … Tout ceci n’était qu’un petit avant-goût de ce qui pouvait se trouver dans l’arrière-boutique. Une arrière-boutique protégée religieusement par Nicodème. Dans cet antre se trouvait des ouvrages au contenu sans nom. Des ouvrages dont pour certain, le simple fait de l’ouvrir vous sera fatal. Nicodème lui-même n’y va qu’occasionnellement ; c’est un endroit qu’il ne fallait pas provoquer.
Il venait de bifurquer sur sa droite pour se retrouver de cette manière entre deux immenses étagères, toutes deux recouverte de livres de leur base jusqu’au sommet. Une envie frénétique venait de le prendre. A dire vrai, ce genre d’envie lui arrivait assez souvent. Sans raison apparente, il se peut qu’il ait soudainement l’envie de vérifier l’origine exacte de la légende de la dame blanche ou l’étymologie du nom Hadès. Oui, cela venait même lorsqu’il faisait ses comptes. C’était d’ailleurs un moyen que sa conscience lui envoyait afin d’échapper à cette détresse humaine. Lorsqu’il fit ses comptes, ce fut ce genre de pensée qui lui tira de sa léthargie paralysante. Une sorte de fantôme intérieur l’avait obligé à se déplacer de son comptoir pour feuilleter un exemplaire d’un livre s’intitulant « Étymologie des personnages mythologiques ». Un livre des plus intéressants qui ne s’est jamais vendu de mémoire de Nicodème. Il le feuilletait donc très souvent pour s’enrichir des connaissances qu’il offrait. Il avait été écrit par un vieil anglais mort dans les années cinquante, mais ce livre restait une référence.
Le carillon de la porte se fit entendre. Nicodème cria un « Je suis à vous dans deux minutes ! » tout en ne lâchant pas une phrase du paragraphe qu’il venait d’entamer. Le destin aime s'amuser on dirait songea-t-il. Lui qui était resté immobile et silencieux pendant tout le début de l’après-midi, dans l’attente d’un visiteur, il a fallu qu’il se lève pour assouvir sa curiosité en lisant un passage d’un livre en particulier qu’un potentiel client fasse son apparition. Bien qu’il ne puisse pas voir son visiteur, il entendit des pas se rapprocher de la pièce où il s’était installé entre les deux étagères, toujours debout, le doigt sur un page à suivre les lignes de l’ouvrage. Mais son oreille fut de plus en plus attentive. Nicodème avait l’ouïe fine et il avait l’impression de reconnaître ces pas. C‘était des pas léger et féminin. Des pas qu’il n’avait plus entendu depuis un moment.
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