« Le vent qui soufflait faisait vibrer les fenêtres de la chambre, tandis que les branches de l'arbre ayant grandi en même temps que les enfants habitants la maison frappaient violemment contre ces dernières, réveillant la petite fille en sursaut. Si les branches ne l'avaient pas réveillée, cela aurait été le cauchemar qu'elle était occupée à faire : une femme à la peau beaucoup trop pâle, tombant presque en lambeaux, aux cheveux gras et aux cicatrices recouvrant son corps entier pris de convulsions effrayantes. Si Sarah n'avait jamais vu d'exorcisme de sa vie, elle en rêvait la nuit. Elle voyait les démons s'emparer des humains, les utiliser comme des poupées de chiffons et s'amuser. Elle voyait les morts comme les vivants en perdition. A sept ans déjà, elle connaissait les malheurs de la vie à Misty Hill. Elle savait que le fléau s'était abattu sur cette ville, qu'elle était maudite, tout comme ses habitants. Recroquevillée dans le coin de son lit collé contre le mur, la petite blonde avait ramené ses genoux contre elle et avait fermé les yeux, murmurant à voix basse des passages de la bible qu'à force de lire avec ses parents, elle connaissait pour ainsi dire par coeur. Et puis, brisant à nouveau le silence de la nuit, un crissement sinistre. Réouvrant aussitôt les yeux, Sarah n'osait même plus respirer, car elle savait ce qui l'attendait. Les esprits en perditions venaient la voir, de nuit comme de jour. Cependant, le plus effrayant restait la nuit, dans les pénombres de sa chambre voisine à celle de ses parents qui devaient très certainement dormir paisiblement. Le coeur de la jeune blonde battait la chamade. Il frappait si fort contre sa poitrine qu'elle peinait à respirer. Et puis, dans un élan de curiosité, elle s'était redressée et avait penchée légèrement la tête par-dessus son lit. Un cri de terreur s'était échappé du fond de sa gorge, réveillant toute la maison, tandis que déjà, les lumières du couloir s'allumaient pour filtrer dans sa chambre par la porte entre ouverte. Les fines mains de l'enfant couvraient sa bouche, tandis qu'elle avait bondit quelques secondes plus tôt contre le mur, le plus loin possible de la chose rampant sous son lit. « Sarah ? Sarah que se passe-t-il ? » La voix de sa mère s'élevait derrière la porte, peu avant que son père ne l'ouvre avec rapidité. Tous deux entrèrent dans la pièce, tandis que Beverly, la mère de l'enfant tentait d'allumer la lumière, en vain. « L'ampoule doit avoir griller... » S'était empressée de rassurer la mère en voyant qu'elle éclatait en sanglots. James, le père de la jeune blonde avait froncé les sourcils et était venu s'asseoir sur le lit de sa fille. Si la présence de ses parents avait dans un premier temps rassuré Sarah, la peur avait rapidement repris le dessus lorsqu'elle avait aperçu, debout au pied de son lit la silhouette de la défunte l'ayant effrayée quelques minutes auparavant. Les lèvres tremblantes, le coeur battant la chamade, elle s'était contentée de fixer la morte, ne comprenant pas ce qu'elle venait faire dans sa chambre. Son père avait suivi son regard et avait froncé les sourcils. « Qu'est-ce que tu regardes comme ça, Sarah ? » Ils ne voyaient donc rien du tout ? Etait-elle folle ? « Peut-être qu'elle pourrait passer la nuit avec nous ? » La voix compatissante de sa mère s'était élevée dans la pièce, légèrement hésitante tandis que son père secouait négativement la tête. Il s'était levé, avait poussé son épouse en dehors de la pièce et avait déclaré à voix haute. « Elle n'est plus un bébé. Il est temps qu'elle apprenne qu'une grande fille n'a pas peur du noir. » Et sur ces derniers mots, il avait éteint la lumière du couloir, laissant la petite fille effrayée seule. Ou du moins, presque.


Sarah était appuyée contre l'appui de fenêtre de la cuisine, tandis que peu à peu, le jour déclinait paisiblement, laissant les méandres de la nuit prendre possession de la ville de Misty Hill. Tenant un bouquin de Stephen King de la main droite, elle caressait doucement son ventre de l'autre, un sourire dessiné sur ses lèvres. Depuis un petit temps, elle arborait chaque jour ce dit sourire, parce qu'elle se sentait réellement heureuse et que ça n'était pas arrivé depuis un bon moment. Ce sentiment lui était apparu pour la première fois lorsqu'elle avait rencontré Isaac, ainsi que lorsqu'ils étaient sortis ensemble et quand ils avaient fini par emménager à deux. Entre les deux jeunes gens, ça avait rapidement été le coup de foudre, Sarah en était tombée éperdument amoureuse et un an après, elle était tombée enceinte. « Encore occupée à lire ? » La voix d'Isaac l'avait fait sursauter et elle avait tourné son regard bleu vers ce dernier, souriant à nouveau. Le jeune homme s'était avancé vers elle, avait posé la main sur son ventre qui avait déjà commencé à légèrement s'arrondir et l'avait regardée dans les yeux. « Je croyais que tu l'avais terminé, celui-là. » Avait-il murmuré au creux de son oreille, tandis qu'elle avait déposé son livre sur l'appuie de fenêtre pour poser ses deux mains sur les joues d'Isaac. « En fait, ce n'est pas le même livre. Très doué sherlock. » Elle avait souri, légèrement amusée, tandis que les mains de l'homme qu'elle aimait étaient remontées le long de ses bras, les frottant avec douceur. « Epouse-moi, Sarah. » La jeune blonde avait presque aussitôt froncé les sourcils, posant ses mains sur les épaules de son conjoint. « Qu-quoi ? » Etait la seule chose qu'elle avait été capable d'articuler, elle qui était habituellement si sûre d'elle, ne bégayant ou n'hésitant jamais. Isaac s'était un peu plus rapproché d'elle, posant délicatement ses mains sur ses hanches tandis qu'elle avait légèrement incliné la tête de côté. « Sarah, je t'aime. Je t'aime tellement... Je veux que tu sois ma femme. Je veux t'épouser. » Aux paroles du jeune homme, les traits de la blonde s'étaient soudainement attendris, tandis que des larmes de joie lui emplissaient les yeux. Il posa un genou à terre, tandis que les yeux de Sarah s'agrandissaient. « Sarah Chloé Everdeen, acceptes-tu de devenir mon épouse ? » Se laissant délicatement tomber sur ses genoux, la jeune blonde avait hoché positivement la tête, souriant de plus belle avant d'embrasser son futur époux. « Oh oui Isaac, j'accepte. »


Brisant le silence qui entoure les époux Strokes, le cri d'un bambin se fait entendre dans la nuit froide du mois de décembre. Emergeant péniblement d'un sommeil dans lequel elle vient seulement d'être plongée, Sarah se redresse difficilement et lance un regard meurtrier au berceau dans lequel se trouve sa petite fille âgée de seulement quelques mois. Plus les jours passent et plus la maman ne supporte plus son propre enfant, le fruit de ses entrailles. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne trouve aucune raison logique à son comportement de plus en plus distant et méchant avec le bébé qui ne lui a pourtant rien fait, mais pourtant, elle le rejette sans cesse. Heureusement, son père est là pour compenser le manque d'affection de la jeune mère. Elle n'a pourtant pas toujours été aussi distante avec la petite Lisana qu'elle considérait dans un premier temps comme son bonheur et son rayon de soleil. « Sarah... » La voix qui retentit dans sa tête ne la fait même pas sursauter. A force, elle a l'habitude. Cependant, les cris du bébé continuent et doucement, Isaac qui est couché à ses côtés commence lui aussi à se réveiller, frottant ses yeux. « Sarah, il faut que vous m'aidiez. » Inspirant une bouffée d'air frais, la jeune blonde repousse les couvertures, tandis que ses yeux se posent sur une silhouette dans le fond de la pièce, -près du bébé qui hurle toujours- dont elle n'arrive pas bien à percevoir les contours à cause des pénombres. Son époux passe à côté d'elle, effleurant l'esprit qui se contente de la fixer. Pendant un court temps, elle s'autorise à fermer les yeux, tandis que les pleures du bébé s'arrêtent aussi brusquement qu'ils ont commencés. « Sarah, vous devez m'aider... » La voix résonne à nouveau dans sa tête et elle se pince les lèvres, prenant sur elle pour ne pas devenir complètement folle. Ce qu'elle voit et qu'elle entend, elle n'ose absolument pas en parler à son mari. Après tout, que penserait-il d'elle ? Il la prendrait pour une folle, une tarée et ne voudrait plus entendre parler d'elle. Alors elle se tait, pour ne pas changer. « Chérie, est-ce que ça va ? » Isaac s'avance vers elle, pose ses mains sur les bras nus de la jeune blonde et les caresse avec douceur, tandis qu'elle ferme à nouveau les yeux. Non, ça ne va pas. Elle veut pouvoir dormir un peu. Elle veut que son enfant arrête de pleurer toutes les nuits. Elle veut que les esprits se présentant à elle chaque jour disparaissent. Elle veut arrêter de voir les horreurs se présentant à elle lorsqu'elle entre dans un endroit ayant été lieu d'une scène macabre. Elle est à bout de nerfs, elle le sent et le moindre chose pourrait la faire craquer. Mais comme elle l'a si bien appris en étant plus jeune, elle se tait et enfouis la tête dans le creux de l'épaule de son mari. « J'en ai juste marre, Isaac. » Le ton de sa voix est plus sec qu'elle ne l'aurait voulu et elle retient un sanglot. Elle remet ça sur le compte de la fatigue. S'il n'y avait que ça, cependant... « Viens te coucher chérie. » Et elle se laisse finalement guider par son mari vers le lit conjugal où elle se blottit contre lui, espérant ne plus entendre un seul son jusqu'au matin au moins. »