La ville était à feu et à sang. L’ombre d’une étincelle planait en s’infusant des douleurs de la population. L’eau salé se déversait dans un flot continu sur les villes avoisinantes, terrassant tout sur son passage, détruisant le moindre souffle de vie sur Terre et cherchant à provoquer la souffrance dans le regard de ses victimes. Leviathan traînait au milieu de ce raffut pour observer les catastrophes qu’il déclenchait d’un claquement de doigts. Le seigneur des mers, c’était lui. Le roi de son empire et de son royaume, il adorait en jouer. Il voulait ça plus que tout au monde. Les océans, les fleuves, les lacs, les mers… C’était son élément. Il ne vivait que pour ça.

Et Lisbonne était sa « target ». Il regardait le pays souffrir de ses coups de flottes en jubilant, en riant comme un monstre déchainé, comme le prince-démon qu’il était. 1755. L’année de sa plus grande réussite maritime et de ses 90000 morts entre les doigts. Ses mains tâchées de sang qu’il contemple avec un égard particulier, comme si sa vie était faite pour ça. Il se réjouissait de la perte des autres, et de leurs malheurs et plus ils contempleraient Dieu pour leur venir en aide, plus Leviathan leur offrirait l’épée de Damoclès au fond du corps. Ce n’était pas un égoïsme et un égocentrisme qui se battaient à toute épreuve dans le crâne de l’homme monstrueux, mais il était comme ça. Mauvais et mesquin. Sa nature ne l’obligeait en rien à être bon et il n’aimait pas la pitié. Par ailleurs, si vous vous approchez de lui d’un peu trop près, si vous osez lui parler, il saura vous entuber pour mieux vous tordre. Il regardait les bâtiments s'écrouler sur le sol, comme les tours jumelles du World Trade Center mais avec quelques années d'avance. Les gens se diront que mère Nature est mauvaise de leur infliger ça, mais cette pétasse en vert n'existe pas. Seul Leviathan était derrière tout ça. Et les portugais pourraient bientôt remercier ce fils de Lucifer pour avoir détruit leurs nombreuses vies, passées, présentes et futures.

Un jour, il donna un enfant à Marianne, une pauvre humaine. Un petit être qui allait servir ses desseins sur des millénaires. Elle aimait la vie et il aimait la mort, qui d’entre eux allait-être le plus fort ? Et c’est en crevant dans son propre sang pour accoucher d’un bâtard qu’elle perdit la vie. Et Leviathan l’éleva comme un soldat, comme celui qui serait son successeur, son descendant pur. Il voulait le porter haut, l’élever au dessus de tous. Et c’est ce qu’il faisait. Mais il ne restait qu’un soldat au service du prince-démon et il devait se battre pour avoir des avantages comme les autres. Il profita de l’occasion d’avoir un fils pour montrer au monde sa supériorité, sa suprématie dans le monde si parfait qu’il aimait diriger. Et Lucifer avait une confiance aveugle en lui. Et c’est comme ça qu’Heloic découvrit la tromperie de sa femme. Il comprit qu’elle avait été manipulée par un démon, un monstre sanguinaire et plein de haine. Mais il ne pouvait se permettre de se révolter, par crainte, par peur, et parce que lui aussi, avait succombé aux charmes de Leviathan. Il avait commis un adultère qu’il ne pouvait effacer quand sa femme fit la même chose. C’est comme ça qu’Artus est né. Un démon de seconde zone mais avec une mère humaine, faite de chair et d'os qui ne se rendit pas compte de l'importance de son acte.

Misty Hill. Cette petite ville charmante et très étroite entre les Enfers et le monde humain. Un endroit parfait pour exercer ses talents de tortionnaire. Une petite ville parfaite qui offre un éventail de possibilité. Le seul souci, ce sont ces personnes étranges, à l’aura différente et aux capacités développées qui sortent du lot. Ces personnes là, Leviathan a appris à s’en méfier et à les éviter. Il aime les repousser, les regarder fuir, mais ils savent qui il est. Ils le ressentent malgré tout car il est bien trop puissant car difficile à exorciser, c’est un prince-démon, un être supérieur. L’être de la mer. Il prit le poste de libraire pour ne pas que la demeure de papier puisse s'effondrer et qu'il ne reste plus que des cendres. De ses mains, il avait rebâti un empire de bouquins qu'il vénérait. Et il était connu pour sa pointure littéraire. Il était friand de littérature britannique et il savait vous offrir un panel de lecture plus exceptionnel les uns que les autres. Il connaissait le pouvoir des mots pour dessiner des maux. Il savait les gérer et c'était sa marque de fabrique. Libraire et amiral. Deux métiers contradictoires pour deux personnes différentes. Miles et Leviathan. Une même entité dans un corps d'ange.

Voir l’acide brûler sa peau et sa tête. Apprendre par cœur le kamasutra. Fumer un joint qui a quatre têtes. Prendre son pied en regardant les nuages bouger par le vent. Approcher d’une cage de lions dans un zoo. Attraper la grippe sans savoir qui nous la refilait. Vivre dans un igloo à la rencontre des esquimaux. Chanter des chansons paillardes jusqu’à quatre heures du matin. Parler à son mari qui n’existe pas. Suçer un mec qui a de l’herpès. Embrasser un crapaud qui se change en travelo. Tromper sa meuf avec sa sœur. Partir dans un pays dont on ne connait pas la langue. Crier un peu partout qu’on aime la cocaïne. Ordonner aux arbres d’arrêter d’être vert. Marcher dans la rue en mettant un pied devant l’autre. Vivre ou mourir. Et il n'y a pas à choisir.