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† Innocent d'Artois d'Acre †
monsters are real, ghosts are real too, they live inside us, and sometimes, they win



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LE POURFENDEUR
Innocent d'Artois d'Acre
Innocent d'Artois d'Acre
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

+ TES PRIERES : 45
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 08/09/2013

LE POURFENDEUR

†  Innocent d'Artois d'Acre †  Empty
MessageSujet: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyDim 8 Sep - 21:33


Innocent d'Artois

de St Jean d'Acre
« Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne. »


NOM ; d'Artois de Saint-Jean d'Acre de Brienne. C'est exactement le nom qui figure sur les papiers d'Innocent. On pourrait également y rajouter de Bethléem, mais il a préféré épargner cette peine aux administratifs. Lui préfère que l'on ne l'appelle pas du coup par son nom. C'est pourtant une fierté pour lui, la trace d'une lignée aussi continue que continuelle, les relents du sang que les démons ont versé, du sang qui a lui même coupé les têtes de ses ennemis. Des croisades à aujourd'hui, jamais les familles dont Innocent est l'héritier ont flanché et failli. Il en est l'ultime preuve. PRENOM(S) ; Innocent Ezechiel Abaddon. Que d'horribles consonances, et pourtant les meilleures alliées d'Innocent. Son premier prénom, bien qu'explicite, le raccroche systématiquement au Diocèse et plus particulièrement aux Papes. Le Vatican reste et restera pour les d'Artois un repère sûr. De même, Ezechiel fut le Mauvais Prophète de la Bible, celui qui annonça les malheurs qui s'abattraient sur la Terre. Enfin, Abaddon signifie "destruction". A l'image de l'ange frappeur, c'est un prénom qui sied à merveille le jeune Innocent, bien loin d'être blanc comme neige... enfin. Aux yeux de la société, disons. DATE ET LIEU DE NAISSANCE ; Un samedi 23 mars, durant le Samedi de Lazare. Sa mère avait souffert durant le carême mais l'avait respecté. Il est né deux mois trop tôt, mais ça n'en fait pas un enfant faible ou chétif. A la naissance d'ailleurs, il était plutôt éveillé quoi que silencieux. Il est par ailleurs né à Banassac, dans le Gévaudan. C'était la ville où les rois faisaient frapper leur monnaie, et c'est également le siège lieu de son oncle. AGE ; 25 ans, maintenant. ORIGINES ET NATIONALITE ; Il est français d'origine, un pur souche comme on dit. ETUDES/METIER ; Innocent, quoi qu'il soit jeune, est déjà Docteur en Théologie. Il a notamment écrit une thèse sur les origines du Mal qui a été merveilleusement bien accepté et compris. Il a, par ailleurs, fait quelques études en criminologie quand il était encore au, à un niveau qui lui permettrait de devenir un flicard, mais ce n'est pas une carrière qu'il risque d'embrasser. Exorciste lui paraît tellement mieux... Au lieu de ça, il préfère être professeur de Théologie. C'est plus dans son domaine à vraie dire. ORIENTATION SEXUELLE ; Dieu. Son unique et son seul. Celui pour qui il se saigne et se flagelle dans le noir. Un poil masochiste sans doute, mais il a fait voeux de chasteté, alors n'y voyez rien de malsain. Enfin... STATUT ; Il a fait voeux de chasteté, pas vrai ? Alors n'espérez pas le voir le rompre aussi facilement. SITUATION FAMILIALE ; Sa famille est grande, étendue même. Il a deux frères et trois soeurs. Il est le fils de Blanche de Brienne et de Erard d'Artois de Saint-Jean d'Acre. Son aîné est Orderic, marié à Victoire d'Aigrefeuille. Ils ont eu ensemble une fille, Prudence. Son second frère est Lancelot et est marié avec Diane de Jérusalem et a eut un fils et une fille, à savoir Albéric et Mahaut. Ses soeurs, Omphale, Léopoldine et Sybille, ne sont pas mariés à l'exception de Léopoldine, récemment fiancée à Adhémar de la Tour du Pin. Ce n'est que la partie proche de sa famille. Innocent est relativement en retrait au reste de sa génération, car il est celui qui a embrassé Dieu, et Dieu n'est alors plus que sa seule famille. SITUATION FINANCIÈRE ; Il est riche d'années d'histoires et de trésors, mais ne garde sur lui que le stricte minimum. A la manière des jacobins, il a fait vœux de pauvreté, et ne s'autorise aucun luxe particulier, pas même celui du confort. S'il ne possède rien de valeur, il dépense sans compter dans les armes car il s'agit là de sa mission. GROUPE ; ex tenebris lux CELEBRITE ; Dan Felton

━━━━━━━━━♢━━━━━━━━━
« Innocent est aussi paradoxale que son prénom. C’est d’ailleurs le mot qui le caractérise le mieux : paradoxal. Enfant de la haute aristocratie française, descendant de templier et guerrier de Dieu, membre du Diocèse de Paris, Innocent est inconstant, instable, perturbé. Il penche sitôt d’un côté que l’autre l’attire. La violence ou le pardon ? La mort ou la punition ? Le jour, il se targue d’être un jeune professeur de théologie, expliquant la Bible à ce qu’ils veulent bien l’entendre, quand la nuit il se drape d’un haillon crasseux et navigue entre les ruelles pour y exterminer la médiocrité et les déjections de Satan. Fasciné par le mal et ses origines, au point d’y plonger les mains pour faire le bien, Innocent vit au jour le jour selon les préceptes de la Bible. Fanatique dans l’âme, il aime à ritualiser son quotidien de prières. Le matin par exemple, il ne parle pas de son levé jusqu’à sept heures afin de respecter les vêpres. Ensuite, il jeune pour le Carême et mange du poisson le vendredi. Poussant plus loin les limites de sa foi, il s’inflige parfois des douleurs insupportables pour chasser les tentations et le mal qui le ronge à l’intérieur et qui lui patine parfois la gueule et les mains, allant de la simple flagellation qui lui laisse le dos en sang, rongé par les cicatrices du temps, jusqu’à serrer sa cuisse avec un cilice d’or blanc afin qu’il ne rouille pas malgré le sang. Innocent est ainsi, jamais à moitié, toujours dans le démesure. Son caractère est ainsi. Soit il vous paraît sympathique, soit effrayant. Nombre de démons ont cru d’ailleurs voir en lui un relent de quelque chose qu’ils avaient connu, d’un frère démoniaque ou d’un ancien possédé. Mais Innocent n’est ni possédé, ni démon, ni même ange. Il n’est qu’une seule chose : la milice de Dieu.

x Catholique, Innocent a l'habitude de faire la charité et il lui arrive à de nombreuses reprises d'accueillir chez lui des perdus et des sans papiers, de leur faire l'aumône en leur offrant de quoi manger et de quoi s'habiller pendant quelques jours.

x Français d'origine, il parle pourtant, et ce parfaitement, un anglais sans tâche, au point où il faudrait connaître son nom pour le savoir français. Il parle également le latin, le grec et l'arabe, qui sont pour lui les grandes langues du savoir.  Il a quelques grandes notions d'italien pour avoir séjourner au Vatican quelques temps également, mais trop maigre pour qu'il ne s'en vante.

x Il ne fume ni ne boit pas. Pour lui, ceux sont les deux péchés par excellence. Il préfère de loin avoir devant ses yeux une dépravée trop libertaine car c'est au moins de l'amour qu'elle donne que le dernier des toxicos. En revanche, il n'a aucune pitié pour les prostituées qu'il assimile ni plus ni moins à Sodome et Gomorrhe.

x En tant qu'exorciste, sa foi est inébranlable et son corps en témoigne. Trace de flagellation sur le dos et les francs, cicatrices du cilice autour des cuisses, son corps n'est pas que recouvert de scarification mais de tatouage. Il s'est ainsi fait tatoué la Croix Patée - à savoir la croix des Templiers - sur le torse et le dos, en rouge sang. Il a autour des chevilles deux chapelets, réplicats des chapelets que lui aurait donné le Cardinal de Paris après ses voeux. Enfin, sur ses cuisses il a les extraits de l'Apocalypse de Saint-Pierre, et sur ses avants-bras les extraits de l'évangile selon Ezechiel. Sur la nuque enfin, une croix noire prend place, sans aucune fioriture. Enfin, sur le haut du bras gauche, il a également tatoué le psaume 22 qui dit :

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
02 Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
03 et me fait revivre ; * il me conduit par le juste
chemin pour l'honneur de son nom.
04 Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure.
05 Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.
06 Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ;
'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.


x Comme pour aller à contre-courant, son chanteur préféré est Marylin Manson qu'il écoute très régulièrement. Il a un grand amour du vieux métal, notamment Black Sabbath ou encore Iron Maiden. Leurs paroles ne sont pas blaspématoires, car dans toutes, c'est bien du Diable qu'il se défende, et avec eux, il part en croisade chaque nuit, défendre la Veuve et l'Orphelin.
»
questionnaire
+ Habites-tu depuis longtemps à Misty Hill ?

Innocent est arrivé il y a environ un mois. Il a trouvé très rapidement une chambre dans un motel aux alentours, un peu loin des autres habitations, mais ça lui donne l'occasion d'aller et de venir en ville à pieds. Même s'il a le permis, Innocent aime à marcher sur de longues distances quand le temps le lui permet. Il ne connaît pas bien la région mais plus il la découvre... moins il s'y plaît.

+ Quel sentiment éprouves-tu en habitant à Misty Hill ?  T'habitues-tu au climat, aux gens, à leurs moeurs ?

Il doit avouer à demi-mot, car ça ne se fait pas de critiquer, qu'il n'aime pas vraiment ni les habitants, ni la ville en générale. Il aimait pourtant l'écosse plus jeune, et les lancers de troncs durant les Higlands Games. Mais il doit bien avouer qu'il y a une odeur lancinante dans le coin, cette odeur de pourriture et de décomposition qu'il a déjà croisé ailleurs, et il n'aime pas cette odeur, pas du tout. Alors il a prit l'habitude dormir sur un seul œil, une arme dans la poche. Au cas où.

+ Crois-tu aux diables et démons des mythes de ton enfance, des croyances de tes parents ? Et de quel côté pencherais-tu si tu devais choisir entre le bien et le mal ?

Il y croit plus que n'importe qui. Innocent a déjà eu à faire aux démons, et a déjà du payé de sa pureté pour les mettre à terre. Il est la Lance Divine de Dieu et ne reculera devant rien pour anéantir le mal qui rôde sur Terre, renvoyant en Enfer les quelques démons impétueux qui osent montrer leurs vilaines faces devant lui. A l'image de ses pairs avant lui, indéfectible et implacable, Innocent croit à tout, et surtout, à tout ce qui lui servir. Il n'est pas né de la dernière pluie et on ne lui apprendra pas le boulot. Ses gestes, il les a hérité de ses parents qui les avaient hérité de leurs propres parents et ainsi de suite. Chaque génération a son Abaddon, et aujourd'hui, c'est lui. A choisir entre le bien et le mal, la question semble drôle, voir même idiote. S'il détruit le mal... qu'est-il qu'un mal nécessaire à la protection des bons ? Il ne se considère pas comme pur. Il est maudit pour le sang versé, mais ce sang là en a épargné plus qu'il n'en a tué. Ce sang là est sa rédemption dans sa folie... dans ses tueries.

+ Rêves-tu de partir loin de cette ville que l'on dit maudite ?

Non. Clairement pas non. Maintenant qu'il y ait, il va falloir nettoyer chaque rue, chaque recoin de ce tas de démons grouillants et libérer Misty Hill de cette pauvre façade embrumée. Au loin on entend un loup hurlait : c'est le Diable qui sait. Il sait que Michael a envoyé son meilleur soldat ce soir, un soldat sans cœur, un soldat déjà froid.


PARADOXAL
FANATIQUE
CULTIVE
EFFICACE
CHARISMATIQUE
SOMBRE
SOLITAIRE
IMPITOYABLE

✤✤✤✤✤

derrière l'écran
PRÉNOM/SURNOM ; mélissa/sha :3 AGE ;  21 ansSEXE ; f, je crois bien COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM?  ; Faustounet ! ET COMMENT TU LE TROUVES? ; je suis inscrite, no?  EST-CE QUE VOUS SOUHAITEZ ETRE PARRAINE ? ; pas l'temps hélas ! PEUT-ON ON FAIRE UN PREDEFINI DE VOTRE PERSO. SI VOUS ETES SUPPRIME ? ; nope, j'suis possessive huhu CODE RÈGLEMENT ; IAA AUTRE CHOSE A AJOUTER? ; prout ?

Code:
[color=firebrick]◗[/color] [b]Dan Felton[/b] - Innocent d'Artois d'Acre

(++)
angel with the scrabbed wings

PSAUMES.FORUMACTIF.ORG






a (s)aint

« J'exercerai sur eux de grandes vengeances, En les châtiant avec fureur. Et ils sauront que je suis l'Éternel, Quand j'exercerai sur eux ma vengeance. - Ezechiel Verset 25:17 »



Long Hard Road out of Hell





- I -
LES LARMES DE MARY.

Et nous regardions comme certain notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts.
- Seconde Epître de Paul aux Corinthiens 1:9

Devant l’église, tout le monde semble heureux. Après un accouchement difficile et en avance de deux mois avant le terme, on aurait pas cru qu’un si petit bonhomme soit tant en forme. Ses yeux d’un bleu pur rayonnent et les amis se dépêchent autour du couple radieux. Voilà le quatrième enfant, et son front est blanc comme le nacre et sa bouche en forme de coeur. Il est si petit qu’il en paraît fragile, et n’a pas beaucoup de voix. Il ressemble beaucoup à son père, et ce n’est pas de l’hypocrisie : il a son nez et son menton, ainsi que la forme des yeux. Pour la couleur, il faudra attendre encore un peu, que ses iris s’assombrissent en un brun sombre comme maman, ou restent bleu comme ceux de papa. Le couple a l’air ravi, autant Blanche qu’Erard qui pourtant ne sont pas des habitués du déballage de sentiment, mais aujourd’hui est un jour spécial. Aujourd’hui, ils ont leur troisième garçon dans les bras, et si ses deux grands frères et sa grande soeur observent le nourrisson avec une curiosité d’enfant, ils ne sont pas mis à l’écart pour autant. Toute la famille ainsi se dirige dans l’église où le curé, Père Baptiste, les accueille à bras ouverts. Il a l’air heureux aussi, sans doute car il préfère de loin les baptêmes et les mariages aux enterrements, bien plus commun hélas dans la ville de Banassac, rongée par ce mal appelé vieillesse. Alors imaginez-vous ! un petit enfant, beau comme un chérubin, dans son église ! C’est pas tous les dimanches que ça se fait !
Alors il est heureux quand le père approche l’enfant, et que la mère regarde avec ses yeux fatigués mais toujours protecteur. Le petit Innocent n’a que huit jours. C’est tôt mais c’est l’âge selon eux, le bon âge. Ils ont eu tant peur de le perdre qu’ils ne permettraient pas qu’il décède d’ici un mois d’une mort subite ou d’un accident et qu’il soit envoyé dans les Limbes tout simplement car le regard de Dieu ne s’était pas posé sur lui. Blanche préfère le voir comme ça, protégé par sa Grâce, loin des chemins brumeux et dangereux que dessinent souvent le Malin de là où il est. « Chers parents, chers parrains et marraines, les enfants que vous présentez vont recevoir le sacrement du baptême : dans son amour, Dieu leur donnera une vie nouvelle. Ils vont renaître de l'eau et de l'Esprit Saint. Ayez le souci de les faire grandir dans la foi pour que cette vie divine ne soit pas affaiblie par l'indifférence et le péché, mais se développe en eux de jour en jour. Et donc, si vous êtes disposés à prendre cette responsabilité, et si vous êtes conduits par la foi, en vous rappelant votre baptême, rejetez tout attachement au péché et proclamez la foi en Jésus Christ, proclamez la foi de l'Église dans laquelle tout enfant est baptisé. »
Et comme le curé dit ça, les parents avancent et se jouent alors les bénédictions et les renonciations. On leur demande s’il rejette les péchés, et ils répondent oui, je les rejette. Ensuite on leur demande s’il rejette ce qui conduit au mal, et ils répondent oui, je le rejette. Enfin on leur demande s’ils rejettent Satan qui est l’auteur du péché, et ils répondent : oui, je le rejette. A la fin de cette phrase, une petite bise passe dans l’église. Un souffle, un vent léger, trop rapide peut-être. Les cierges et les bougies sont éteintes, mais le curé n’en fait rien. Ce n’est que le vent, se dit-il, que le vent. Alors il continue, et ses mots sont ainsi, tous égaux sur le même ton : croyez-vous en Dieu le Père Tout-Puissant, créateur du Ciel et de la Terre ? Blanche et Erard ont toujours été pieux, pourtant, après ce vent dans l’église et ce froid soudain, ils ne doutent pas de leur foi mais de qui est véritablement présent. Ils se regardent, l’un et l’autre et finalement ont un sourire et répondent : oui, je crois.
La cérémonie est longue, pesante. Les plaisanteries ne vont plus bon train, et doucement, le vent se fait plus froid et quand on demande à faire rallumer les cierges, le père Baptiste ne semble plus d’accord. D’ailleurs, quand à la fin de la profession de foi il faut que tous se signent, le Père Baptiste ne le fait pas. Ça saute aux yeux de Blanche mais elle se tait, pieuse et docile comme elle est. Elle est d’un caractère doux, alors elle ne dit rien et finalement, Erard tends l’enfant au curé qui le prend. Ses mains sont froides, et cela réveille l’enfant qui ouvre les yeux alors qu’il était endormi. Ses grands yeux bleus observent le curé et finalement, il se met à pleurer, doucement, puis plus fort, mais il manque de voix. Erard rigole, regardant ses amis d’enfance : « Ah ! Il ne pleure pas pour manger, mais par contre, pour un peu d’eau froide ! » « Ca s’ra un grand trouillard ton Innocent, mon pauvre Erard ! » Un petit rire dans l’assemblée qui frissonne.
Là le Curé observe alors l’enfant, et ses pupilles se rétrécissent comme son coeur s’accélère et que la douleur remonte ses articulations. « Innocent, je te baptise au nom du Père… » une première fois l’enfant est plongé dans l’eau glacée du bénitier. Il respire mal, plus fort, et l’air lui gèle encore davantage la peau, et ses pleurs remplissent l’église. « … et du Fils… » De nouveau l’enfant replonge, et son petit squelette de nourrisson résiste mal, difficilement. Mais c’est le rituel, ça a toujours été ainsi. On a fait baptiser tous les enfants chez le Père Baptiste, et tous ont pleuré quand l’eau bénie rencontrait le petit corps nouveau-né.
Un peu plus loin en arrière, pourtant, Blanche tourne la tête et regarde les Anges qui observent du haut de la Nef l’étrange spectacle qui se joue. Le silence pèse lourd car on attends que le prêtre finisse sa prière. Blanche, elle, n’attends plus du temps. Ses yeux sont perdus sur les grandes statues qui, en prière, voient leurs joues de marbre blanc noyaient de grosses larmes de sang. Elles pleurent. Elles pleurent sous ses yeux et Blanche ne comprend pas. Est-ce une image ? Un signe ? Ou tout simplement le fruit de son imagination ? Quand elle retourne le visage, sa face se patine d’un masque d'effroi et son coeur s’arrête une seconde.
« … et du Saint Esprit. » Ceux sont les derniers mots qu’a prononcé le Père Baptiste avant de plonger une troisième fois l’enfant dans l’eau. Cette fois-ci pourtant, ses mains n’ont pas relâché la pression, et il a fallu à Erard quinze longues secondes pour se rendre compte que quelque chose clochait, que quelque chose n’allait pas. Que pire : le prêtre était en train de noyé son enfant. Alors aussitôt compris, on a arraché au Père Baptiste l’enfant - tout du moins on a essayé, car le prêtre était mué, obstiné, et ne voulait pas lâcher. Le vieillard avait plus de force que les parents ne l’auraient cru.
Quand Blanche récupéra le nourrisson, il était déjà bleu et glacé, et ne respirait plus. L’ambulance n’a pas mis longtemps à venir, mais assez de temps pour que toutes les statues de l’église ne pleurent des larmes de sang, assez de temps pour que l’âme du petit Innocent passe de vie à trépas.




« Il est dans un état stable. » C’était le seul mot qui importait à Blanche au petit matin. Elle avait pleuré toute la nuit, persuadée de ne jamais revoir son fils. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps et avait maudit plus que de raison ce prêtre dont la folie avait dépassé les bornes. Pourtant le père Baptiste était un homme si doux et si tendre à l’habituelle. Comment avait-il pu leur faire ça, à eux ? Et ces statues… Elle renifla et hocha la tête pour faire comprendre au médecin qu’elle avait entendu. Il se racla la gorge ensuite, mal à l’aise. Il y avait de quoi. Le nourrisson n’avait que huit jours, et il était déjà entre la vie et la mort. « Madame... » Blanche releva le visage, livide déjà. « Votre… Votre fils a été considéré cliniquement mort pendant… Votre enfant a... » Elle pleurait tellement, elle pleurait tellement que le médecin lui-même était désemparé. Il soupira plus lourdement alors qu’Erard arrivait, en trombe, avec plusieurs papiers sous la main qu’on lui avait demandé d’apporter de toute urgence. A voir sa femme pleurait, il voulu pousser un cri mais le médecin et sa petite lueur au fond des yeux lui cria de ne pas le faire. Il se ravisa alors. « Monsieur, j’aurais quelques informations à vous offrir. Madame semble encore trop fragile, et je comprendrais si elle ne veut pas entendre ce que j’ai à vous dire. » Erard jeta un regard à sa femme mais Blanche relevait le visage, froide soudainement. « Non, dites-moi. Je… Je veux savoir. » Le docteur l’observa quelques secondes, insoutenable pour le mari, et finalement entreprit de leur expliquer le plus clairement la situation. Il leur expliqua petit à petit ce qui s’était passé. Comment le petit garçon avait eu les poumons remplis d’eau et comment son coeur s’était arrêté une fois à l’église. Ensuite il avait été vite réanimé, mais avait été considéré cliniquement mort huit secondes. Son coeur avait ensuite fait un second arrêt dans l’église, et qu’il était mort cinq secondes. Que durant le transport, suite à deux arrêts bénins, il avait fait une rechute brutale et qu’ils avaient perdu son coeur pendant quinze secondes, que c’était trop, que c’était dangereux, et qu’il y aurait « sans doute des séquelles importantes... »
A ces mots, Blanche avait éclaté de nouveaux en pleurs. Erard, lui, restait prostré dans un silence de plomb. Il en voulait au curé, il en voulait au monde entier, mais au même moment, il en voulait surtout à Dieu qui dans sa maison même n’avait pas su les protéger. Le médecin reprit alors, plus bas : « Innocent est dans un état stable. Nous le gardons sous surveillance toute la nuit. Il est encore dans le coma, et nous ne savons pas quand est-ce qu’il se réveillera, et s’il se réveillera, mais… mais tout ça n’est qu’une question de temps. » Erard jeta un regard à Blanche, et hocha la tête. Le médecin partit, la mine basse, comme toutes les personnes qui attendaient dans le couloir. « Pourquoi... » se plaignit Blanche, les lèvres encore tremblantes. Erard, lui, restait impassible. Au bout de quelques secondes pourtant, il tourna le dos et fit des pas rapides, pour partir. Blanche se leva, de nouveau livide : « Erard ! Où vas-tu ? Où va-tu, nom de Dieu, Erard ?! » mais aucune réponse ne lui fut permise.

Ce matin-là, Erard repartit dans l’église où les Vierges avaient pleurés sur leurs piédestaux. Il s’était posé au dernier rang, et avait regardé Jésus sur sa croix, puis ses yeux étaient tombés sur le petit bénitier où son fils avait trouvé deux fois la mort. Il savait également que s’il mourrait ce soir, les limbes l’attendraient, et que s’il mourrait d’ici cent ans, ce serait encore aux limbes de l’accueillir, car c’était ainsi que ça se passait pour les âmes non baptisés. Son fils était condamné, dans tous les cas. Les larmes de rage bouillirent sur les joues du père, imaginant que la vie de son fils n’est pu tenir qu’entre les mains d’un pareil homme. Là, une jeune nonne sortit de la pénombre, avec le sourire doux qu’ont les vierges jamais effleurées. Elle ne se posa pas à côté de l’homme et garda ses distances. Elle était belle, à l’image de Marie-Madeleine, sans cette tâche sur le visage qu’elle portait comme elle était la première catin bénie. « Est-ce que ça va allait, Monsieur ? »
Erard releva le visage. Un homme si noble que lui, tant racé, n’avait plus le visage des beaux jours. Il ressemblait aux pourceaux bouffés par l’alcool, le visage rouge et gonflé. Il avait tellement peur, et il avait tellement mal qu’un démon aurait bien eu vite de glisser dans son âme et de le prendre pour ancre sur terre. « Est-ce que ton Dieu sauve les enfants de la mort ? » La jeune nonne observa l’homme quelques longues secondes, et finalement jeta un regard doux au Christ : « Mon Dieu n’est qu’esprit et ne s’attache pas aux corps. Il sauve les âmes de ceux qui le méritent, et un enfant pur mérite d’être sauvé, quoi qu’il lui soit arrivé. » « Mon...Mon fils n’a pas mérité ce qu’on lui a fait. Mon fils est dans le coma, et il n’a que huit jours. Que vais-je faire s’il meurt ? » Ce n’était plus des mots, ce n’était plus un dialogue, seulement un long monologue peiné. La nonne sembla le comprendre car elle ne répondit pas. Le regard de l’homme était perdu sur la croix, mais au bout d’un instant, il reposa ses prunelles bleues sur la nonne. « Que puis-je faire pour sauver mon enfant, madame ? » « Priez, monsieur. Ça ne sauve pas toujours, mais ça aide... » murmura t-elle, sur le ton de la confidence. Mais c’en était trop pour Erard qui, d’un coup de botte dans un banc, le renversa aussi sec sur le sol, devenant rouge de colère. La couleur des enfers lui tâchait le front, comme il rougissait à vue d’oeil. « PRIER ?! Prier un être qui n’entend rien ? Prier, vraiment ?! Je n’ai fait que ça, prier ! Prier pendant dix ans ! Pendant vingt ans ! Toute ma vie ! Et mon fils… mon fils… On m’enlève mon seul fils… Ce n’est pas Jésus que je vais prier ce soir, Madame, mais un de ceux qui écoute, même si on doit payer ! »
La nonne lui jeta un regard offusqué mais comme un corbeau de malheur, Erard s’était déjà envolé, laissant dans son sillage une odeur étrange : l’odeur de la souffrance.




- II -
LE MANGEUR DE PÉCHÉ

O Death by Jen Titus on Grooveshark

By eating bread and drinking ale, and by making a short speech at the graveside, the sin-eater took upon themselves the sins of the deceased". The speech was written as: "I give easement and rest now to thee, dear man. Come not down the lanes or in our meadows. And for thy peace I pawn my own soul. Amen!
- Mangeur de Péché

Il faisait triste mine ce soir-là. Un soir à ne pas voir un chat dehors, à ne pas voir quiconque dehors d’ailleurs. Le temps était brumeux, humide. Une lourde chaleur pourtant acculait tous les êtres vivants dans une moiteur étrange, poisseuse. Le jeune Innocent, lui même, se sentait mal, et son corps entier semblait engourdi. Il faisait aussi mauvais que l’état de santé de son grand-père. En effet, Alphonse d’Artois était très malade disait-on, une tuberculose ou un trou dans ses poumons avait tant creusé son buste qu’il vivait seulement grâce aux machines. Dans le début de la semaine, Blanche avait annoncé à ses enfants aux complets qu’il n’y aurait plus très longtemps de Grand-Père, qu’il avait décidé de lui-même de cesser les machines afin de grimper au ciel voir Dieu. Du haut de ses cinq ans, Innocent pour autant comprenait très bien ce que ça voulait dire. Il avait longtemps lui-même eu l’impression de se sentir un peu mort quelque part, mais l’habitude ayant pris la main sur les questions, il avait fini par vivre ainsi, tout le temps, avec ce coeur a demi-mort. Car à la différence de grand-père Alphonse, son coeur à lui marchait encore à moitié. 
Quelque chose remua dans le jardin. C’était une ombre intempestive, un petit quelque chose… et enfin quelqu’un. Le regard curieux de la petite chose se fixa pour finalement apercevoir un chapeau bien rond et bien haut, et une grande cape noire. Quand la chose releva le regard, Innocent, à la fenêtre d’une poivrière, eut un petit frisson d’horreur. La chose était humaine ! Le petit garçon, haut sur ses cinq ans, descendit de la banquette de velours d’Inde pour se diriger aussitôt vers la porte, mais sa mère, Blanche, l’avait demandé. Elle avait même déjà ouvert l’épaisse porte de chêne noire pour ouvrir à monsieur l’invité - car Blanche n’avait pas peur. C’était un vieux bonhomme aux cheveux blancs, et aux rides déjà prononcées. La soixantaine, peut-être plus, il en était sûr. Le petit garçon se cacha derrière les jupons de sa mère, mais plus téméraire que courageux, osa un petit « qui c’est ? » une fois que l’invité fut passé. Ce dernier, coupant Blanche, eut un petit rire moqueur en se retournant, décrochant de sa tête presque chauve, parsemée de cheveux blancs et fins, son chapeau qui avait l’air soudainement horriblement miteux.


« Voilà un petit garçon bien curieux » le sourire de la chose s’étira, dévoilant une babine claire et luisante, et des dents blanches comme l’opale « tu dois être.. Innocent, c’est bien ça ? » Le regard sombre de l’homme perça les iris céruléennes de l’enfant qui rentra naturellement la tête dans les épaules, prêt à se faire gronder, mais ce n’est pas une tape qui lui arriva sur la tête mais une caresse tendre. « Tu es un brave petit d’après ce qu’on m’a dit. Un garçon qui a fait pleurer toutes les Vierges d’une église... » Le regard plus glacial de Blanche indiqua que la chose marchait sur une pente glissante, mais ici, à défaut d’être le mieux loti financièrement parlant, il était sur son terrain. On avait besoin de lui - pas l’inverse. « Allons, ne soyez pas offusquée. Moi aussi j’ai fait pleuré à ma naissance. » « Ah oui ? » Le regard du petit garçon se fit tout de suite plus intéressé.
« Le Christ oui… mais c’est une longue histoire qu’un si petit garçon ne veut pas entendre. » Il tendit sa main rêche aux sillons creusées, un peu noire sur le bout des ongles, au garçonnet qui la lui prit et la lui serra. « Je suis Bartolomeo, le Mangueur de Péché. »
Le mot était lâché dans la maison d’un mourant, mais il n’était plus à ça prêt. Blanche se racla la gorge et secoua un peu les mains, débordées par les pensées qui n’allaient pas toutes dans un seul sens. « Bien, bien. Innocent, retourne dans ta chambre et laisse-le Monsieur faire. Monsieur… Notre mourant est à l’étage… si vous voulez bien... » Bartolomeo eut un petit sourire. Bartolomeo. C’était donc ainsi, son nom… Innocent resta silencieux et regarda passer l’homme devant lui. C’était vrai qu’il avait un drôle d’accent, mais le garçonnet n’aurait pas cru que c’était de l’italien. D’ailleurs, il n’aurait pas cru qu’un homme comme lui porte un nom de saint. Il laissa quelques longues secondes s’écouler et finalement suivit le cortège funèbre jusqu’à la chambre. Là il se posta derrière la porte et, entendant des voix, glissa son oeill jusqu’au judas. 
L’homme, Bartolomeo, s’était assis à côté de grand-père Alphonse. Il le regardait, souriait, et semblait même quelque peu heureux. Il avait alors posé sa main sur son front, comme pour en prendre la température, et finalement s’était ravisé. « Tu vas bientôt mourir, vieillard. As-tu péché ? » Alphonse d’Artois avait toujours eu de l’humour, un drôle d’humour même, alors c’était tout naturellement qu’il avait répondu : « Qui n’a pas péché ? Que celui qui n’a pas péché me jette la première pierre, mh ? » Un petit sourire s’inscrit sur le visage de Bartolomeo mais rapidement la face d’Alphonse se décomposa et il baissa les yeux, le regard perdu, livide. « Oui, j’ai péché. J’ai tant péché que j’ai peur que Dieu lui-même ne me pardonne pas, et pourtant, je m’en veux… Je m’en veux tellement... » Ses yeux s’étaient mouillés tout d’un coup, mais le silence pesait plus que de raison sur la pièce. Il n’entendait même plus ses parents qu’il soupçonnait d’avoir quitter la chambre pour aller dans le petit salon d’à côté, privatif et bien isolé. Il n’y avait donc que lui qui entendait. « As-tu trente pièces d’argent, vieil homme ? » Alphonse releva la main, une main froide et tremblante, et déposa dans le creux de la main de Bartolomeo trente deniers. Le mangeur de péché en déposa une sur la langue du mourant, et finalement sortit de sa poche un morceau de pain. Il en déchira une miette et la déposa sur le front d’Alphonse. Chaque mouvement était calculé, méticuleux, propre à un rituel précis. Innocent n’était pas bien grand, mais étrangement, il savait. 
« Tu as péché vieil homme, mais ce soir, tes péchés s’en sont allés avec ces deniers, et ta chaire se purifie avec ce morceau de pain. Accepte la mort car Jésus accepte ton pardon. Ferme les yeux et vois le Paradis pendant que je goûte l’enfer. Si tu ouvres les yeux et vois le visage de tes erreurs, alors tu succomberas à ces derniers et tu croupiras pour le reste de l’éternité dans le dernier des sous-sols des enfers brûlants. » Le mangeur de péché jeta un regard à l’homme. « Es-tu prêt, vieil homme ? » « Je suis désolé... » Alphonse ferma les yeux et ses larmes glissèrent sur ses joues creuses. Jadis, elles étaient rondes comme des pêches, pleine de bonhomie. Aujourd’hui il ne restait pas grand chose d’Alphonse qu’un corps rendu maigre par quelque chose que l’on appelait cancer. Rien qui ne ressemblait à un crabe en tout cas…
« Puisse-tu reposer en paix, loin de tes souffrances, loin de tes péchés. » Là le mangeur d’âme attrapa la miette de pain et la mangea. « Amen. » Alphonse se tordit de douleur sur son siège et une masse sombre et noirâtre sortit de sa bouche, la déformant véritablement sur son passage. Ce fut comme un immense mollusque marin, aux tentacules étranges. Bartolomeo, lui, ne bougea pas. L’oeil accroché à la serrure, pourtant, Innocent surprit son regard comme Bartolomeo le regardait lui et personne d’autres. Sous l’oeil attentif du petit garçon, il ouvrit la bouche et les étranges tentacules s’emparèrent de son être et en quelques secondes seulement il venait d’avaler un immense insecte, une créature d’obscurité : les péchés. De son côté, Alphonse semblait endormi. Ses mains pendaient mollement de chaque côté de son corps et sa bouche s’était ouverte, laissant apparaître le denier brillant que le mangeur attrapa et glissa dans sa poche. Il se leva enfin et remit son chapeau. Le vieil homme était mort.
Innocent ravala difficilement sa salive et recula de deux pas alors que Bartolomeo ouvrait la porte, sans plus bouger, le fixant. « Tu les as vu toi aussi, Innocent ? Les péchés... » Le regard de l’enfant cilla. Quelque part au plus profond, plus qu’il ne voulait le dire, il avait vu quelque chose, quelque chose de terribles qui lui avait brûlé les yeux, mais maintenant, il n’y pouvait plus rien. C’était ainsi. « Ton grand-père n’a pas fait des choses très brillantes… Mais dis-toi que c’était la guerre, et que beaucoup ont péri sans son aide. Le Val d’Hiver n’était pas que de sa faute... » Innocent renifla, en silence. Sa voix était bloquée. « Pourquoi ? » Bartolomeo eut un petit rire, amusé. « Les humains sont fous, crois-moi. Un jour ils se...» « Non… Pourquoi l’avoir sauvé ? » Le mangeur d’âme s’arrêta aussitôt de rire. Son regard redevint dur comme le ciment, et il posa ses yeux sur l’enfant. « Parce que je suis un mangeur de péché ? On me paye à porter sur mes épaules les péchés des autres, à l’image de Jésus-Christ je suis là pour protéger les autres... » « Mais ils ont fait du mal ! » s’insurgea le petit. « Non, Innocent, non. Les hommes naissent bons, mais il existe sur terre des choses que le commun des mortels ne vois-pas. Ceux sont des démons, des chuchoteurs, qui viennent à l’oreille des bonnes gens insufflaient le mal, la mort et la désolation. Ne connais-tu donc point ta bible ? »
« P-Par coeur, mais... » La porte s’ouvrit et Blanche entra la première. Elle posa son regard sur Alphonse et comprit qu’il était mort, mais elle s’en doutait. Ils avaient parlé de ce moment là toute la semaine. La fin était une bénédiction, car cela au moins soulageait l’âme de ce bon Alphonse. Alors qu’elle approchait de Bartolomeo pour lui remettre en plus des deniers de l’espèce, Innocent annonça à haute-voix, le regard pris d’une lueur certaine : « Maman, je veux devenir mangeur de péché ! » Blanche sursauta et ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque. Mais que diable allait-il encore inventer celui-là? Elle jeta un sale regard à Bartolomeo, persuadée la seconde d’après que c’était lui qui lui avait mis toutes ses idées saugrenues en tête ! « Allons, Innocent... » « Non, vraiment. Je veux devenir mangeur de péché ! » Blanche resta interdite. Bartolomeo eut un petit rire.
« La vie de mangeur de péché n’est pas aisée. Quand on mange les péchés d’un homme, il reste en nous jusqu’à qu’un autre ne les mange. Si personne ne les mange, alors tu meurs avec et tu vas en enfer pour tous les crimes que tu as avalé et que tu n’as jamais commis, et tu souffres mille géhennes pour des atrocités que certains ont perpétré. Une fois le péché avalé, les hommes et les femmes t’accusent de ces crimes que tu as dévoré et on te traite en monstre, on te chasse, on te pourchasse même. Dans les églises, on t’évitera, personne ne voudra entendre tes confessions. Ta vie sera un martyr duquel tu ne pourras jamais sortir si ce n’est pas la mort. Des démons tu en croiseras, et des diables aussi, mais jamais à eux tu ne devras manger les péchés, pas même un seul, sauf si tu veux précipiter ton âme dans les abysses obscures. Voilà à quoi ressemble ta vie de mangeur de péché. Tu sauves bien sûr des gens comme ton grand-père, mais tu vis seul, exclu de partout, à peine accepté aux Vaticans où on te donnera tes ordres, où on te formera, mais où personne ne t’adressera la parole sans être d’un rang supérieur aux tiens - seuls les cardinaux et le Pape oseront car ceux sont les saints des saints, où toutes les portes te seront à jamais fermées, où toute ton existence ne se résumera qu’à ça, qu’à dévorer le péché des autres, encore, et encore, et encore. A la façon de Jésus, avec le visage d’un Judas. »
Innocent fixa l’homme, et eut un sourire : « Je veux être Judas et Jésus à la fois. »




Dernière édition par Innocent d'Artois d'Acre le Dim 15 Sep - 13:27, édité 11 fois
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LE POURFENDEUR
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyDim 8 Sep - 21:33


(s)aint II

« La marche des vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l'œuvre du Malin. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le berger des faibles qu'il guide dans la vallée d'ombre de la mort et des larmes...  - Ezechiel Verset 25:17 »



Long Hard Road out of Hell





- III -
LA MAIN DE DIEU

Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, puis est jeté dans les lieux secrets ? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est ce qui souille l'homme. Car c'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l'homme ; mais manger sans s'être lavé les mains, cela ne souille point l'homme. Jésus, étant parti de là, se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon.
- Mathieu 15:16

« Hey, mais c’est que t’es mignon toi, avec ton air de p’tit minet... » Un petit rire grimpa dans la gorge de la jeune femme en voyant passer ce petit garçonnet de seize ans à peine, le visage stoïque et le regard droit. Sans même lui répondre, il leva la main et écarta son pull pour dévoiler un col blanc. Elle grimaça aussitôt et se tira aussi vite que possible, comprenant qu’elle ne gagnerait pas son pain du soir avec ce freluquet voué à rester puceaux. Pour autant, Innocent ne cilla pas. Ses mèches longues lui tombaient sur la gueule et si sa tignasse était aussi indomptable que son caractère rebelle, il n’en restait pas un beau jeune homme dans la fleur de l’âge. Cintré dans une soutane noire, portait des rangers noirs, hautes sur les mollets, Innocent était diablement grand pour son âge. Un bon mètre soixante-quinze, peut-être même quatre-vingt. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas remis les pieds au Vatican. Qu’il n’avait pas remis les pieds en Italie tout court. Derrière ses mèches, il attendait le taxi qu’il avait commandé même s’il aurait aimé venir à pieds. Il préférait de loin marcher, mais Bartolomeo avait été particulièrement précis. Prendre le taxi. Se tenir silencieux. Payer. Descendre. Le Cardinal Urbain l’attendait à l’entrée. Il avait rendez-vous avec le Pape. Pour un peu, il aurait eu un peu peur. Pour un peu. Depuis ses cinq ans, Innocent avait perdu le goût de la peur.
Dans la ruelle, le temps s’écoulait et rien ne se passait. A un moment, un clébard sortit d’une poubelle, se jeta sur le pavé et traversa la route. C’est là qu’Innocent remarqua trois italiens s’approchaient de lui, l’encerclant comme une meute. Il ne cilla pas, ni ne bougea d’un pouce. Son regard était droit. Il se demanda pourquoi on devait alors lui infliger ces peines, et pourquoi surtout il devrait en infliger quand il n’avait, après tout, qu’à prendre un taxi. « Vise-moi un peu cette robe ! T’es une dalpé ou quoi, mec ? Quand on est un mec, on porte pas d’jupe ! Même quand on est gothique, wah ! Une robe avec des d’shoes de skin’ en plus ! Relook l’costard, ça fait pas chicos ! Qu’est-ce t’fais là dans la nuit, mec ? » Le regard bleu métallique du frère ne bougea pas. Il inspira profondément, avant de lâcher un faible quoi que glacial : « J’attends un taxi. » « Ah ouais ? Un taxi ? Pour rentrer dans ton immeuble tout pourri ou plutôt chicos ? Non car si s’chichos, on veut bien qu’t’nous file de l’oseille gros, on a b’soin d’tunes pour manger t’sais… » « Je n’ai pas d’argent sur moi, désolé. » Les yeux d’Innocent avaient bougé et avaient croisé le regard du plus jeune de la bande. Ce dernier recula d’un pas, machinalement, comme s’il avait sentit quelque chose lui caressait le dos ou quelque chose d’autre. Une impression froide, douloureuse même… Cette aura sombre qui rôdait autour de lui comme un halo sans lumières.
« Alors ça s’dommage, car d’coup on va t’voir te rabotter un peu l’faciès pour s’défouler car c’soir on va pas encore manger... » L’air d’Innocent resta impeccablement neutre. Il était droit, fixe, silencieux comme la mort elle-même et son visage, derrière ses longues mèches, en aurait presque eu les traits. « Vous ne devriez pas faire ça… » Les trois se mettaient en place. Innocent, lui, ne bougea pas. « Ah ouais, et pourquoi hein ? on est trois, on va t’niquer ta... » Le premier garçon n’eut pas le temps de finir sa phrase que le fils de Dieu envoya son poing cognait dans sa mâchoire. Ce fut un KO sysmique, sans mi-temps, sans rien, un putain de match nul se ramassant sur le béton. Les deux autres en profitèrent, mais il ne fallut pas plus longtemps à Innocent pour envoyer le second au tapis : un seul coup de sa chaussure de sécurité dans le bide pour que la plaque de fer couvrant l’avant de la chaussure ne lui casse au moins une côte, dans le pire des cas au moins trois. Un petit “humpfr” douloureux et étouffé plus tard, il ne restait plus qu’une ombre noire debout, celle d’Innocent, et sous son pied, la gorge du troisième garçon coincée, étouffant.
La vieille redingote noire du séminariste s’était ouverte. Une croix de bois pendait autour de son coup, et un chapelet de billes de bois était enroulée autour de son poignet. Les yeux d’Innocent se posèrent sur les trois jeunes hommes, interrompant tout pour déposer tout autour de lui une atmosphère lourde et pesante. «  Quand des infâmes s'avancent contre moi, pour dévorer ma chair, ce sont mes persécuteurs et mes ennemis qui chancellent et tombent. Si une armée se campait contre moi, mon coeur n'aurait aucune crainte; si une guerre s'élevait contre moi, je serais malgré cela plein de confiance. Psaume 27. » La phrase finie d’être prononcée, Innocent recula et dégagea la gorge du plus vieux de sous sa chaussure. Les trois jeunes détalèrent comme des lapins, apeurés par le diable lui-même peut-être, alors que le taxi débarquait tout justement. Innocent se pencha, attrapa son baluchon qu’il coinça sur son épaule et entra dans le taxi, sans poser une question, sans dire un mot.




L’incident ne connaîtrait pas de suite. Il le savait. Même là, assis dans le siège de velours rouge en face du Pape, du Cardinal de Paris et du Cardinal de Rome, il n’avait rien à craindre. Ses incartades avec le reste du monde n’intéressaient pas vraiment le Diocèse, loin de là même. En tant que Mangeur de péché - apprenti - il avait la liberté d’aller et de venir dans le silence et la discrétion, de ne jamais entacher la réputation de l’église bien qu’elle fut dans les yeux d’Innocent déjà fortement outragée et surtout, de faire son travail. Les Mangeurs de Péché se faisaient rares, si rares qu’il avait fini presque par être adoré par le Vatican et ses hauts pairs. Ils effrayaient les plus jeunes et les moins renseignés, mais sommes toute, ils recevaient chaque mois une allocation particulièrement alléchante. On avait bien vite dépasser les trente deniers de Judas. « J’ai lu le rapport, et il n’est pas bon. »
La voix grave du Cardinal de Paris, chef du Diocèse de France, n’indiquait rien de bon. Pour autant, Innocent ne se sentait jamais en danger. C’était cette idée complètement folle qu’il fut toujours protégé par la main invisible de Dieu, car il était sa milice, et un chef de guerre n’abandonne jamais son soldat. « La famille va vouloir porter plainte. Après que Matilda est perdue l’enfant, vous auriez du l’emmener aussitôt dans un hôpital. Elle n’aurait pas eu à mourir. » Bartolomeo disait souvent que les hommes de foi, les prêtres et les curés, ne connaissaient finalement pas grand chose du mal et de ses visages, qu’il parlait du Malin mais étaient les premiers à y succomber. Il fallait avoir vu une possession, avoir vu un péché s’infiltrait en vous pour en comprendre tous les enjeux et ne plus se soucier de vie ou de mort. Leur seul travail à eux était de dévorer les péchés. En passe-temps, Bartolomeo aimait aussi l’exorcisme et le spiritisme. Jusqu’à maintenant, ça avait plutôt bien marché pour lui, bien que cette fois, une femme était morte.
« Nous allons reprendre tout depuis le début » proposa sagement le Pape, confortablement assis dans son siège, tenant dans sa main droite sa croix, comme s’il eut peur que le Mangeur ne l’approche de trop près - il n’était pas un démon pourtant « nous vous écoutons, Innocent. Racontez-nous comme ça c’est exactement passé. » Innocent posa ses yeux sur la face blême du vieillard. Ils les prenaient toujours trop vieux… Il avait l’impression d’avoir devant lui une coquille vide sans plus vraiment d’âme. A moitié mort. A moitié mort…
« Nous avons été appelé un mardi en soirée. Bartolomeo était en pleine séance avec un vieillard du côté de Naples quand une femme d’une quarantaine d’années nous a dit que sa fille avait été violé il y avait quelques mois, et que depuis son ventre grossissait et qu’elle parlait parfois de choses répugnantes, en public ou en privé, qu’elle était persuadée qu’elle était rongée par un démon et qu’on devait venir voir, ce que nous avons fait. Une fois que Bartolomeo eut mangé les péchés du vieillard, nous avons dit nos adieux à la famille et nous avons quitté le village. La femme disait habitée peu loin, dans un petit coin sur la côte ce qui était vrai. Elle habitait un petit village de pêcheur où nous sommes arrivés très vite. Bartolomeo est entré le premier. Il a approché la jeune fille mais elle reculait sans cesse comme si elle avait eu peur de lui. Quand il l’a touché, elle a été brûlé à la main et lui a attaqué le visage à coup d’ongles. Nous l’avons maîtrisé tant bien que mal en évitant de blesser son ventre, mais parfois elle donnait elle-même des coups à son enfant, alors nous l’avons attachés sur le dos, sur son lit. Sa mère a assisté. » Innocent leva les yeux au ciel en tentant de se remémorer chaque seconde, chaque petite parcelle de ce regrettable accident. Il inspira profondément puis reprit : « Nous avons répandu du sel du sol en priant, puis j’ai accroché aux murs cinq à six crucifix. Pendant ce temps-là, elle se lacérait les poignets pour se libérer, mais nous n’avions pas le choix que de la laisser ainsi. C’était bien moins pire de la voir ainsi que de la laisser aller dans la maison. Ensuite Bartolomeo m’a dit de baisser les yeux et nous avons fait sortir la mère de la chambre. Bartolomeo a commencé à incanter, et nous avons luttés trois heures durant pour connaître le nom de la bête infernale. Valafar. Valafar, c’est ce qu’elle a crié à un moment, Valafar ! Au même moment, sentant sans doute qu’elle était perdue, une marre de sang a commencé à se dessiner entre les cuisses de la jeune fille : le démon voulait sortir. Nous l’avons aussitôt détacgés et Bartolomeo l’a maintenu à quatre pattes sur le sol, en la tenant par les cheveux.  Pendant ce temps je récitais en fond les prières bénédictines pour éviter au démon de se propager ailleurs que dans le cercle. Il a accolé à sa nuque la croix en lui hurlant de se soumettre et de retourner aux enfers. Les saignements n’arrêtaient pas mais elle a commencé à cracher des clous et des sauterelles. »




« A quel moment y a t-il eu un problème alors ? » demanda, curieux, le Pape.
« Une fois que les clous ont été sortit de son corps et qu’elle a cessé de parler, elle était déjà presque froide. Nous l’avons posé sur le lit et elle a recommencé, encore et encore, de parler avec la voix du démon bien que Bartolomeo était sûr qu’il n’était plus là en elle. Il a imaginé que le démon se jouait de lui, puis quand il a pensé cela, la voix s’est transformée en celle d’une petite fille et elle a commencé à glisser sur lui ses mains et à lui demander de lui faire certaines choses défendues et ce, très crûment. Bartolomeo a alors frappé avec sa bible le visage de la jeune fille et la brûlure a été telle qu’elle est restée ployer contre le sol. Elle a attrapé sur le sol les clous et en a enfoncé un dans sa gorge, au niveau de la jugulaire. Bartolomeo a essayé de la sauver en apposant ses mains sur sa gorge et a lui-même eu un clou enfoncé dans la main. Quelques secondes à peine plus tard, un bébé mort-né jonchait le sol entre les pattes ensanglantées d’un cadavre. Elle avait rendu l’âme. Nous n’avons, à grand regret, rien pu faire. »
Le pape observa l’enfant de longues secondes. Il n’était pas bien vieux pour participer aux exorcismes, mais son premier avait été quand il n’avait que dix ans. Un petit démon de rien du tout d’ailleurs, à peine plus costaud qu’un sous-fifre, un inférieur comme on disait. Valafar avait été plus dangereux, plus rude. Ce n’était pas n’importe quel démon non plus, c’était un Duc des Enfers. Il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il soit facile à exorciser. « Qu’a t-il dit exactement, ce jour-là ? »
Innocent releva le visage, silencieux quelques très longues secondes, comme le temps de se remémorer ou plutôt de réfléchir si oui ou non il avait envie de le dire. C’était aussi personnel que perturbant. Innocent ferma finalement le visage. Il était catholique, et fervent à en voir les marques sur son dos et son cilice à la cuisse, mais il n’allait pas leur dire. Pas à eux. « Rien d’intéressant. »
Non. Bien sûr. Valafar connaissait au passé, au présent et au futur, et quand Bartolomeo était sortit de la pièce, il avait été persuadé d’entendre cette petite voix à son oreille lui murmurait : « Un jour, tu le tueras. »






- IV -
LA RUSE DE VALAFAR

The Unforgiven II by Metallica on Grooveshark

La marche des vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l'œuvre du Malin. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le berger des faibles qu'il guide dans la vallée d'ombre de la mort et des larmes... Car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l'Éternel quand sur toi s'abattra la vengeance du Tout-Puissant !
- Ezekiel 25:17

« Tu rentres de plus en plus tard. » La voix était un ton reproche. Innocent n’avait pas appris à se taire ou à faire des concessions. C’était un homme d’église, oui, mais un homme d’une église que nul ne connaissait et qu’il aurait mis trop de temps à présenter. Ses yeux, gris métallique à présent, formé par l’âge sans doute, se posèrent, inquisiteurs, sur la face blanche de Bartolomeo. L’homme arqua un sourcil, étonné d’une telle remontrance, mais cela faisait maintenant plus de treize ans qu’ils vivaient ensemble. Il ressemblait à un vieux couple, les ébats sexuels en moins. « Tu me demandes ça comme si j’avais pu faire grand chose... » Un petit rire ponctua la bouche du Mangeur, mais Innocent ne le lâchait pas de son regard, comme il n’entendait rien à ce genre d’excuses. « Je suis allé faire un tour sur le pont, pour admirer le soleil qui s’éclate sur les rives à l’heure du coucher. C’était beau. » Innocent fronça nettement les sourcils. Il n’aimait pas les couchers de soleil, il n’aimait pas l’ombre, il n’aimait pas grand chose, et encore moins que Monsieur lui mente. Il serra la machoîre et les poings, à s’en blanchir les jointures. « Mentir est péché. » « Forniquer, aussi. » Un petit silence s’installa autour des deux compères. Innocent, assis dans son fauteuil face au Mangeur, ne bougeait pas d’un pouce. Il aurait pu pourtant lui faire manger le parquet car en trois ans, Bartolomeo avait pris plus d’âge qu’en quinze ans.
« De toute façon, je suis plein de péché. » Les yeux d’Innocent ne se baissèrent pas. Il avait passé l’âge de lui passer les phrases mystiques et les disparitions douteuses. Il avait passé l’âge de tout, et avait gagné l’âge de comprendre, enfin. « Ce n’est pas une raison. Ni une explication. » « C’est pas le moment Inno’ » Le regard de Bartolomeo était fuyant. Innocent, lui, restait statique, comme une peinture qui depuis des siècles n’aurait pas cillé. « Bartolomeo. Ta braguette. Elle est ouverte. »
Un petit silence s’installa quelques secondes avant que les yeux du vieil homme ne se baissent sur une braguette fermée. Merde. Même à ce moment là, il savait que le jeu était perdu, pour autant il n’abandonnerait pas. Il releva les yeux et Innocent s’était levé, droit sur ses pieds, immense. Il avait encore poussé ce sale gamin béni des anges et maudis de Dieu. « Pourquoi ? » Il avait toujours été concis, sans finesse, sans tact. Tout devait être dit, pas de raison de mentir. Il était en retour d’une extrême franchise, incapable de mentir, incapable de dissimuler quoi que ce soit. C’était pourtant une force, car après tout, Innocent n’avait pas besoin de dissimuler grand chose de sa vie tant il la tenait en ordre et bien rangée. « Eh bien, j’arrive à un âge où... » « Non. Tu mens. Pourquoi ? » Lentement il sortit de sa poche arrière son petit crucifix d’argent, une jolie pièce taillée, finement ciselée par un orfèvre islandais d’un petit village perdu. Une petit bijou sans valeur, une perle cassée, était le déclencheur d’une réaction en chaîne qui faisait d’ouvrir un petit pan de la pièce d’argent pour en faire un couteau, une dague même, d’une vingtaine de centimètres - jamais trop sûr d’atteindre le coeur mais ça coupe au moins le gras du bide. C’était une arme redoutable. Et Innocent venait de la sortir, contre lui.
« Parce que j’avais envie. » « En temps normal, tu n’aurais pas cédé. Tu n’es pas assez fou pour ça. » Il le connaissait trop bien, beaucoup trop. Innocent s’en étonnait parfois, mais il était observateur et perspicace. Il avait bien vu qu’il sortait aux heures de sorties des putes, et il avait juste eu à s’accrocher un instant à la fenêtre pour le voir s’éloigner jusqu’aux murailles fracassés d’Avignon, entourées par une ou deux négresses en mal d’amour et de fric. Il n’avait pas suivi son chemin. Il l’avait deviné. Il n’avait même pas eu besoin de le suivre en réalité. Il était beaucoup trop prévisible. « Tu dois bien te douter de pourquoi, alors, Inno’... » Lentement, Bartolomeo déboutonna ses manchettes pour s’extirper de sa lourde soutane. Elle était chaude et épaisse et il venait de suer à grosses gouttes. « J’ai bien une idée, mais elle me semble si terrible à admettre… si impossible... »
Il perdait là de sa confiance, et de son ardeur. Bartolomeo eut un petit rire, mais c’était un rire grave, un rire qu’il ne lui connaissait pas. Innocent ressentit comme une vague impression de malaise en lisant sur son visage de la moquerie et du dégoût. « Je suis fatigué, Inno’, tellement fatigué. Je suis fourbu, rempli de péchés, et je n’en ai jamais commis aucun. Est-ce ça, ma vie ? Être fourbu... » « Ce n’est pas toi qui parle Bartolomeo. Tu n’aurais jamais dis ça ! » Innocent se tendit. Il sentit son coeur battre à tout rompre et eut comme la sensation que quelque chose lui échappait, entre les doigts là. Peut-être était-ce son âme, ou tout simplement tous ses principes. Pourquoi ? Ses yeux s’étaient mouillés sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. « Je n’ai plus envie d’être Mangeur, en réalité. » « TU MENS ! » Il venait de hurler, mais il n’avait jamais haussé le ton contre son maître. Pas une seule fois. Il renifla, et ses mains tremblaient sous la colère qui doucement remplissait son petit coeur d’enfant orphelin : « Continues ! On se dit des faussetés les uns aux autres, on a sur les lèvres des choses flatteuses, on parle avec un coeur double… Ensuite ?! » Bartolomeo releva les yeux sur Innocent, l’air hagard, ailleurs. Un moment. Un second moment. Les secondes devinrent une minute, puis une seconde. Du silence.
« NON ! NON ! » Innocent hurlait, et sa voix grondait comme cent tonnerres frappant la terre d’éclairs furieux. Pourquoi ? « Pourquoi est-ce que tu me fais ça, à moi ? Comment as-tu pu te laisser avoir, te laisser berner par les démons quand on en a battu tellement ensemble ! COMMENT AS-TU PU ?! » Le regard de Bartolomeo changea de couleur et il se fixa sur le jeune séminariste qui tournait en rond de l’autre côté de la pièce. Il avait l’air de souffrir. Ça lui plaisait. Un petit sourire gourmand se dessina sur les lèvres du Mangeur alors que son apprenti semblait réfléchir. La solution était pourtant là. « Tu as la réponse depuis le début, Inno’. Tu le sais depuis le début. Depuis ce jour qui n’a cessé de te hanter, jour et nuit, de ces cauchemars qui n’en finissent plus d’achever tes songes où Dieu n’apparaît pas… Tu ne l’entends pas ? » Innocent releva les yeux, des yeux rougis mais furieux : « Quoi ? » « Le Cor des Anges. »
Toutes les ampoules pétèrent au même moment, éclaboussent le sol de petits éclats de verre. Dans la pénombre, les choses étaient plus dures à voir, mais Innocent restait malgré tout serein et vif. Il avait eu le temps d’apprendre, et même s’il n’avait jamais pensé un jour user de cet art en pareille condition, il devait se rendre à l’évidence : son maître n’était plus vraiment son maître.




Innocent se tourna et sur le mur, le crucifix avait été mis à l’envers, volant par une grâce mystérieuse. Il était silencieux, tout d’un coup, l’appartement. Comme si la mort y préparait un tombeau. « Tu ne m’as jamais raconté ta naissance, Bartolomeo... » Il y avait une odeur. Le souffre. Bien présente et qui sent la mort. Un petit grondement remonta dans la gorge du Mangeur qui tournait en rond autour de Innocent, sans que ce dernier ne cille ou ne bouge, son poignard-crucifix en main. « Ils disaient que c’était un miracle. Ils disaient que j’étais un miracle... » Sa voix s’enfonça dans les graves pour devenir caverneuse et rocailleuse comme elle ne l’avait jamais été. La face de Bartolomeo changeait, et à chaque passage devant ses yeux il devenait de plus en plus laid. Mais Innocent ne cillait toujours pas. « Ils disaient que j’avais fait pleuré Jésus, que des larmes salées glissaient sur ses joues et que je serais promis à une grande destinée, mais dès l’âge de sept ans au Séminaire, on m’a envoyé dans ces classes remplies de gamins vérolés, et j’ai… j’ai... » « Tu as ? » La voix d’Innocent prenait une certaine assurance. « J’ai avalé un péché. Un premier. Pas grand chose. Je voulais juste rendre service… Il..Tiberio a traversé sans regarder et ça l’a frappé si fort, il était tellement..  il y avait tellement de sang… Oui, oui, j’ai avalé son péché, je l’ai mangé. J’avais peur qu’il n’aille en Enfer pour avoir péché, j’ai pris son péché, je l’ai dévoré, et je suis devenu… sale… teeelllement saaale…. »
La voix était si plaintive qu’on aurait dit celle d’un vieillard en train de rendre l’âme. C’était aussi étonnant qu’étrange. Innocent fronça les sourcils, l’air sombre, car les chuintements du gâteux s’étaient arrêtés et son visage était maculé de noir, sa peau était devenue parcheminées, rêche, comme formée par de petits écailles de serpent. Il était laid. Laid comme le Diable. « On m’a traité en pestiféré ! On m’a viré du Séminaire ! On m’a traité comme le dernier des vauriens car j’avais avalé un péché ! Pas de pardon, pas de rémission, m’a t-on dit. Trouve-toi un apprenti qui mangera tes péchés, s’il en a le courage ! Sauve-toi tout seul ! Sauve-toi tout seul mais mange quand même les péchés de ce bon vieux Cardinal pour qu’il n’aille pas en Enfer ! sait-on jamais ! » Un grand rire sardonique s’éleva. Il devenait fou. Complètement fou. Petit à petit, ses yeux s’étaient remplis de noir et sa langue était devenue aussi sombre que celle d’un serpent. Innocent savait. Il avait eu raison d’avoir peur. Pour autant, il ne le haïssait pas. Une horrible tristesse sembla remplir son coeur. Un dépit aussi, non dissimulé.
« Et tu m’as trouvé. J’aurais pu te sauver, Bartolomeo. J’aurais mangé tes péchés. J’aurais dévoré ton âme entière si ça avait pu te sauver… Mais tu as choisi la facilité. Perdu pour perdu, tu as préféré le Malin. C’est bien ça ? La facilité. Il est tellement plus facile de faire le mal que de se forcer à faire le bien... » Un petit soupire traversa les lèvres bleues du séminariste. Il avait froid, la pièce s’était rafraîchie, sans doute à cause de Bartolomeo. « Je ne veux pas que tu me sauves ! » hurla Bartolomeo « Toi, ils t’ont choisi ! Toi, il t’a aimé ! Il t’a toujours aimé ! On t’a écouté quand Matilda est morte, on t’a fait confiance, alors que moi, ils se sont toujours méfiés, ces prostituées de Dieu ! »
« A te voir aujourd’hui, Bartolomeo, ils ont eu raison. »
Un grand silence sembla remplir la pièce. Le Mangeur, vexé sans doute, se retourna et ouvrit la gueule en poussant un cri inhumain, sortit tout droit des enfers, un bruit guttural. Une odeur de putréfaction embaumait alors le lieu où tout allait changer.

Un grand coup s’abattit sur le visage du vieillard. Aussitôt que le démon s’était montré, l’attitude entière d’Innocent avait changé également. Plus de pitié, plus de compassion ou de tristesse, seulement cette petite haine au coin du coeur de se dire que son maître avait perdu la raison et s’était laissé taraudé par un quelconque démon. Il le détestait. Il le détestait tellement… « Ne me fais pas le coup du cri. Tu devrais savoir que ça ne m’effraie pas. Plus. » Il détacha de sa gorge le crucifix que le Cardinal de Rome avait lui même trempé dans l’eau. Dans le manche fait d’argent et d’or lié on trouvait un petit flacon qui avait été recueilli à Lourdes même durant la semaine sainte. Rien de plus authentique. Rien de plus nocif non plus. « Depuis quand ? » Le démon eut un ricanement mauvais, agaçant alors Innocent. Il devait savoir. Savoir si son maître allait survivre, ou non. Il hurla alors en lui apposant de force la croix sur le visage, la peau se rétractant sous la brûlure qu’infligeant l’engin béni.  Un cri morbide s’éleva mais ne couvrit pas la voix portante du séminariste. « DEPUIS QUAND ?! » « MATILDAAA ! » hurla la créature pour mieux se tapir face contre le sol. Innocent s’arrêta net. « Quoi ? … Depuis… Comment ? »
De nouveau, dans l’obscurité, on pu entendre le rire sournois et graveleux du démon. Innocent ne cilla pas. Il n’avait pas peur. Son corps le protégeait. Son corps était un rempart. Dieu était sa main. Dans son crâne tournait en rond les prières et les psaumes. Le 22 surtout. Le 22. « Le clou… Le clou du spectacle. » Un nouveau rire sembla remplir la pièce, alors que le démon se relevait lentement, ses os craquant sous la pression. Valafar n’était pas fait pour se contenir en un homme. C’était un démon supérieur. Il aurait du avoir un corps, à lui seul. Pourquoi ? Tant de questions restaient sans réponse. Pourquoi bon sang ? « Tu réfléchis de trop. Tu devrais, au lieu de chercher des questions, trouver une réponse, surtout à celle de : comment vais-je me débarasser de ce bon Mangeur de péché ? » Innocent fronça les sourcils et serra les dents. Il avait raison. « Ne cherche pas, tu n’as aucune chance de me faire disparaître sans entièrement me détruire… C’est bien l’erreur de ton Mangeur, et il le savait. Vous auriez du me tuer, dès le début… Je n’aurais alors emporté que Matilda et son infâme rejeton... »
Un rire mauvais grimpe sur les lèvres du démon. Valafar est vil, malgré qu’il passe parfois pour un ange ou pour un lion. Aussi brutal est-il, Innocent en face est de la même carrure. Il est plus grand que le Mangeur, mais la taille ne sert à rien quand le latin combat le Malin. Brutalement il appose sur le front du démon la croix, et Valafar ploie malgré tout car la douleur est toujours aussi cuisante, malgré les siècles à errer. « A GENOUX DEVANT L’ETERNEL, IMPIE ! » Le démon a de la bave qui s’écoule de ses lèvres comme une mousse épaisse et juteuse. Ça a des relents d’odeur nauséabonde, un mélange de merde et de décomposition. Des mouches s’échappent de sa gueule béante, de sa gueule d’enfer. Innocent ne reconnaît plus alors un seul trait de son maître, et il voit bien que l’emprise du démon sur le Mangeur est à la hauteur des péchés qu’il a ingéré.
« JE NE M’AGEEEENOUILLE PAS ! » Valafar essaye de se relever, mais Innocent ne l’épargne pas et d’un grand coup de poing dans la tronche le fait se rasseoir à même le sol. Le sang noir tâche ses vêtements comme son nez vient d’éclater sous l’impacte. Un nouveau coup le fait se rouler au sol. « Tu as oublié que je ne suis pas n’importe quel exorciste » siffla tout bas Innocent en se rapprochant du corps ensanglanté « tu n’as pas le choix, Valafar ! TU N’AS PAS LE CHOIX ICI ! TU NE DÉCIDES PAS ! » Un cri immonde, nouveau, grimpa dans la gorge de Valafar qui tomba à genoux, les bras en croix, comme s’il brûlait de l’intérieur.




Les yeux d’Innocent étaient froids. Il le fixait pourtant, droit dans les yeux. C’était comme voir le diable en personne. De là où il était, le diable le voyait, c’était sûr. Le Diable le voyait, et… et il savait qu’il cherchait à aider le Mangeur quoi qu’il est fait ou pactisé. Il commença alors à réciter, tout bas. « Regna terrae, cantate Deo, psallite Cernunnos, Regna terrae, cantate Dea, psallite Aradia. Deus caeli, Deus terrae… » « Tu ne peux rien pour lui... » ricana à voix basse le démon « Il est perdu. Perdu avec moi… Tues moi ! Tues moi, Inno’ ! Il n’y a que comme ça que tu pourras me renvoyer ! Tu le sais ! »
Il voulait à tout pris qu’il le tue, et la seule raison valable à cela était que Valafar aurait gagné un homme rempli de péché dans le dernier des sous sols. C’était partit pour une damnation éternelle pour le Mangeur, à hauteur de tout ce qu’il avait toujours ingérer. Aujourd’hui, à voir cette créature hideuse, Innocent se rendait compte qu’il avait toujours idéalisé Bartolomeo. Il n’était pas si fort qu’il l’avait cru. Il avait ses failles et ses faiblesses, et voilà ce qu’il était advenu de la brebis égarée. « Ut ab omni infernalium spirituum potestate, laqueo, deceptione et nequitia, omnis fallaciae, libera nos, domine... » Le démon eut un petit ricanement mauvais. Il semblait souffrir mais la douleur n’était que superficielle en ce qu’il ne s’attachait plus à son corps. Bartolomeo souffrait pour lui, à sa place.
Quand Valafar désira se lever, et cela était plus difficile car son corps souffrait à cause de la prière, Innocent eut un réflexe bien appris, bien pesé. Il plongea son couteau à même la chaire du Mangeur et la tourna afin qu’elle ne cicatrise pas. Le geste était vif, rapide, profond. Dans l’épaule ou un peu plus haut. Le démon poussa un grand cri. La lame était ointe, et n’était que le prolongement de la plus longue tige du crucifix. Une arme redoutable qui fit que Valafar recula trop vite. Dans la nuit, il sembla disparaît, devant les yeux même d’Innocent. Les ampoulés cassées ne l’aideraient pas sur ce coup là. Il continua… « Terribilis Deus de sanctuario suo, cernunnos ipse truderit virtutem plebi suae, aradia ipse fortitudinem plebi suae. » Un mouvement dans l’ombre et Innocent frappa d’un coup de glaive, vif, droit, rapide. Un petit cri étouffé, une douleur, un recul… Sur le sol, des bruits de raclements, des pas désordonnés. Il tentait de fuir, le désespéré. Innocent le suivit, à peine éclairé. Il regardait les tâches qui parsemer au fur et à mesure les murs, le sol.




Des traînées. Il sentait le moment venir, celui du dernier instant, et serrait plus fort alors la dague-crucifix qu’il n’aurait jamais imaginé utiliser son le Mangeur.
Cependant, il n’avait plus le choix à présent. « Benedictus Deus, gloria Patri... » murmura tout bas Innocent avant de s’arrêter devant la chose qui n’était plus vraiment humaine, mais tout à fait démon. Valafar se tourna et ses grands yeux sombres fixèrent l’exorciste qui s’arrête dans sa prière, causant un trouble, un quelque chose d’imperceptible. Pourquoi ? « C’est ta mission, Valafar, pas vrai ? C’est donc ça que tu es venu chercher… T’être donné autant de mal pour récupérer des âmes, des péchés... » Le démon renâcla dans son antre, se tassant contre le mur.« Comment as-tu pu penser une seule seconde que je le tuerais froidement ? » « Tu as été désigné, Innocent… Désigné... » sifflait Valafar dans son trou de rat « Désigné... » « Par qui ? » Un petit rictus mauvais s’imprima sur les lèvres du Mangeur. « Ton père ne t’a pas ta r-raconté… ce qui s’est passé… après… cette nuit… ? Ta naissance n’était pas… divine… Innocent… elle n’était pas… divine... »
Un grand rire éclata dans la gorge du démon. C’en était trop de blasphème pour une seule journée. La main brutale et puissante du séminariste attira hors de son trou le démon qui le mordit à sang, mais rien à faire, la douleur était vaine : il le projeta au sol et planta brutalement le glaive dans sa main. Le démon poussa un cri ignoble, mais Innocent hurlait bien plus fort encore, et sa voix tonitruante braillait en latin l’ultime appel aux anges et à Saint Michel milice des archanges si bien que Valafar lui même, aussi puissant fut-il, ne bougea pas. Le poignard resta là, impossible à déloger, alors qu’Innocent sortait de sa poche un bout de pain et une pièce d’argent. Il fouilla rapidement dans la poche du démon qui ne se laissait pas faire, devinant que trop vite le jeu auquel jouait le petit curé. « TU NE LE SAUVERAS PAS ! » hurlait-il en se trémoussant de douleur, la bave aux lèvres. Innocent ne lui laissa pourtant pas le choix. Il posa un pied lourd et sans douceur contre la gorge du démon et apposa sur sa bouche - se faisant mordre les doigts au même moment - une pièce qu’il enfonça dans la gorge du Mangeur puis un bout de pain sur son crâne qu’il tenait. Tout pendant ce temps il posa ses mains sur ses yeux et récita à voix haute la Prière du Mangeur.
« AMEN ! » gueula t-il à la fin, et le démon, soudainement s’arrêta. Le corps entier du Mangeur retomba sur le sol et les tentacules nauséabondes grimpaient le long d’Innocent. C’était son premier péché d’avaler. Il n’était pas bon pour lui de récolter des péchés qui pour certains dater des guerres du moyen-âge, car il était de tradition de léguer à chaque apprenti les péchés du Mangeur, si bien que le dernier en date, Bartolomeo était sans doute l’héritier de plusieurs décennies de Mangeur. C’était à son tour à présent, à son tour de dévorer cette masse gluante et visqueuse. Il grimaça en sentant son odeur putride dans ses narines et son toucher poisseux, comme le sang. Il se glissa de force dans sa gorge et Innocent tomba à genoux. Petit à petit, les images défilées devant ses yeux et les horreurs s’enchaînent à une vitesse si folle qu’il s’effondre plus bas et hurla, hurla encore et encore, de peur, de douleur, d’horreur devant ses images. Il vit là un vicomte dépeçait une enfant, plus tard une femme enfermée dans une vierge de fer, puis il y eut la guerre, les viols, les morts, les tortures, la Chine, le Kosovo, le Maghreb, l’Algérie, plus loin il y eut son grand-père, les juifs, les camps, la mort, le feu, le sang. Le sang.
Innocent attrapa son estomac et dégobilla littéralement sur le sol. Dans sa bille, des traces de sang noir traînaient. Il resta quelques secondes au dessus du tas, sans rien pouvoir faire d’autres que comprendre… comprendre. Il se releva, la gorge brûlante et acide, ce goût dégueulasse de souffre… et posa son regard sur Bartolomeo. Il avait repris forme bien plus humaine, mais dans sa victoire contre Valafar, il était mort. Innocent ne doutait pas qu’il reviendrait. Tôt ou tard. A la première faille. Mais pas en Bartolomeo. Le prêtre inspira profondément et essuya son froid d’où coulait de grosses gouttes de sueur. Il devait agir. Il devait bouger avant que son corps ne devienne lui aussi un tombeau.
Bartolomeo au moins était sauvé. Il serait, lui, en paix.




« Bartolomeo… Lui aussi... » murmura le Pape sur son siège. Assis en face, Innocent baissait les yeux. Il avait du faire le voyage très rapidement après avoir brûler l’immeuble après en avoir sortit le corps de Bartolomeo qui depuis avait été exhumé dans une des nombreuses nécropoles gardées du Vatican. A sa droite, le Cardinal de Naples avait la mine basse, presque triste. « As-t-il été… ? » « Oui. Par Valafar. » Un grand silence, plus pesant encore, se posa sur les épaules de chacun. La face d’Innocent était stoïque. « J’ai sauvé son âme en sacrifiant la mienne. »
Le Pape releva les yeux, des yeux étonnés, puis finalement eut un sourire sourire triste et doux. Il était si jeune ce garçon, dans sa dix-septième année, et déjà condamné. «As tu fini ton séminaire ?  » « Oui Monseigneur. » répondit-il. Ses cheveux longs étaient incongrues, mais il avait une place spéciale. Au lieu de suivre son séminaire comme tous les autres futurs clergés, il avait au contraire suivi le Mangeur et avait été formé par lui. Non pas aux sermons, mais aux exorcismes et au passassions de péchés. Ni plus ni moins, il n’était qu’une arme sur patte, un diable au visage d’ange en soit. « Tu vas retourner à Paris » reprit le Pape « nous allons t’attacher au Diacre de Paris, tu lui serviras de suivant. Il pratique beaucoup l’exorcisme dans cette ville de fou. D’ici quatre ans, à la fin de cette dernière formation, tu seras récompensé. Si ta foi est toujours aussi forte et que tu rends de grand service, il se peut bien que le Vatican ne te le redonne. »
« Une place de prêtre ou de cardinal ne m’intéresse pas, Monseigneur, et ce malgré tout le respect que je vous dois. Je vous demande la permission, si vous le permettez, de devenir un primat errant. J’aimerais remplir mes fonctions de Mangeur puisque, suite à la mort de Bartolomeo je suis son seul et unique apprenti et descendant, et qu’en tant que déjà condamné je ne me vois pas arrêter. » Le Pape sembla réfléchir quelques longues secondes, et finalement hocha la tête, avec un sourire. « Cela me semble également raisonnable et tout à fait à ta portée. Bien que tu sois jeune, tu fais déjà preuve de beaucoup de courage et de ferveur. Allons pour une sorte de prêtre errant. Après chaque mission cependant j’aimerais que tu m’envois un rapport. Mon secrétaire s’en chargera mais j’aimerais tout de même lire ces dingues exploits que l’on me rapporte. Mon secrétaire te donnera deux chapelets. Ils appartenaient à un ancien exorciste, et sont depuis bien longtemps des reliques. En tant que dernier Mangeur du Vatican, nous te devons bien ça... »
Un sourire presque doux patina le visage du vieillard, et Innocent lui répondit avec un regard satisfait et honoré. Il hocha la tête car malgré tout, il restait tout en bas d’une échelle sans fin, bien qu’il aurait pu être presque en haut même à son jeune âge après ce qu’il venait de faire.
« Nous t'appellerons un jour, Innocent. Ce jour-là, je te demanderais quelque chose, et j’ose espérer que tu le feras, mais tu es encore trop jeune. » termina la voix du vieillard. Innocent haussa un sourcil, curieux. De quoi pouvait-il donc bien parler ?





- V -
MISTY HILL

Rends-moi justice, Éternel! car je marche dans l'intégrité, Je me confie en l'Éternel, je ne chancelle pas. Sonde-moi, Éternel! éprouve-moi, Fais passer au creuset mes reins et mon coeur; Car ta grâce est devant mes yeux, Et je marche dans ta vérité.
Je ne m'assieds pas avec les hommes faux, Je ne vais pas avec les gens dissimulés; Je hais l'assemblée de ceux qui font le mal, Je ne m'assieds pas avec les méchants. Je lave mes mains dans l'innocence, Et je vais autour de ton autel, ô Éternel! Pour éclater en actions de grâces, Et raconter toutes tes merveilles. Éternel! j'aime le séjour de ta maison, Le lieu où ta gloire habite. N'enlève pas mon âme avec les pécheurs, Ma vie avec les hommes de sang, Dont les mains sont criminelles Et la droite pleine de présents! Moi, je marche dans l'intégrité; Délivre-moi et aie pitié de moi!
Mon pied est ferme dans la droiture: Je bénirai l'Éternel dans les assemblées.
- Psaume : Prière de l'Innocent (26)




« Excusez-moi... » Innocent releva les yeux de sur son assiette. Elle était à moitié vide. Un ragoût irlandais des plus parfaits. Un sourire se dessina sur le visage de l’adolescent devenu homme. Une fois partit du Vatican, il avait rasé son crâne, s’était paré de tatouages et avait quitté la soutane pour un par dessus de cuir. Une croix d’argent sur le dos indiquait cependant encore clairement son attachement à Dieu. Il fallait voir sa nuque décorée d’une croix noire et ses bras parsemaient de citations bibliques pour le comprendre. « On m’a remis une lettre pour vous. Est-ce que... »
Innocent hocha la tête et tendit la main. La jeune femme lui donna la lettre qui était imposée de jolies dorures et du sceau des deux clés entrelacées. Le sceau du Vatican. Innocent attendit que la serveuse ne s’éloigne avant d’ouvrir le courrier. Cela faisait maintenant plus de cinq ans qu’il courrait les rues et les villages du monde entier, de Bogota jusqu’à Marseille, de New York à Moscou, sans jamais s’être retourner. Pourquoi est-ce qu’on l’appelait aujourd’hui ? Il essuya ses doigts sur une serviette et ouvrit le document. Il n’avait pas envie de se cacher. Après tout, tout le monde ici savait qui il était, et c’était bien pourquoi on évitait son regard.
« Mission pour toi… Misty Hill… démons… beaucoup... » Les mots s’enchaînaient sans qu’Innocent ne comprenne véritablement. On l’envoyait dans une ville où l’activité démoniaque avait toujours été forte, et seulement maintenant ? Il fit une petite moue, plia la lettre et la rangea dans la poche intérieure de sa veste. Bien. Si c’était le souhait du pape…






Le vent était froid. Le bus roulait sur la route défoncée de campagne. Fallait dire que Misty Hill était assez reculer dans les terres écossaisses. Innocent n’avait pas mis long à venir. Ses yeux se perdaient dans le décor. De la bruyère, partout, du vent et un peu de brume ce jour-là. Au loin, au couvent, il voyait les soeurs passaient, têtes basses. Le bus s’arrêta, et il descendit. Il n’avait pas grand chose avec lui que ses habits et quelques rosaires, chapelets et autres bibles qui ne le quittaient jamais, toutes plus bénies les unes que les autres. Il s’accordait à dire que c’était plus qu’une capote pour un Don Juan. C’était sa seule garantie dans la vie.
Il inspira profondément et l’air sentait mauvais. Ca sentait le souffre. Le froid. Le glauque à plein tarin. Ca allait être long, il le savait, surtout d’après le Cardinal de Lyon. Cette ville était rongée de l’intérieur, et il fallait bien que l’on prenne les choses en main. Les familles déjà existantes n’arrivaient plus à faire face, n’avaient jamais réussi visiblement puisqu’il restait en ces lieux un quelque chose de froid, de lourd. « Est-ce que je peux vous aider ? » La jolie jeune fille n’était pas une nonne. D’ailleurs, elle était très loin d’être une nonne. A son port, à ses habits, elle sentait le péché à plein nez. Innocent haussa un sourcil, silencieux un moment, puis reprit connaissance car malgré tout il était un homme et elle était magnifique comme une asphodèle dans un endroit si froid : « J'suis nouveau. Je cherche l’hôtel le plus proche, si vous avez... »
Un petit sourire sur ses lèvres se dessina. Vrai qu’elle était belle. Il eut un sourire amusé en repensant à la croix contre son torse et finalement la suivit comme elle lui proposait de lui montrer le chemin.






Sa chambre était petite, étroite, mais elle lui suffisait. Il l’avait loué pour six mois, payé cash, en liquide. De quoi faire rougir et se taire le gérant. Innocent lui demanda s’il avait le droit de faire des trous dans les murs, et l’homme leva les épaules : il lui garderait la caution s’il abîmait de trop le mobilier. Innocent le prit en compte et vira de sa chambre tout ce qui était de trop. Il ne garda qu’un matelas qu’il posa sur le sol. Ni table de chevêt, ni armoire, rien. La pièce vide, il sortit de son sac les dizaines et dizaines de croix qu’il avait et commença à les clouer une à une sur les murs jusqu’à décorer presque entièrement la petite chambre. Ses affaires rangées en trois tas - car il n’avait que trois pantalons et trois marcels noirs et une veste de cuir sur lui - posaient au bout du lit montraient bien qu’il était un homme méticuleux, presque maniaque.
Assis sur le lit recouvert d’un drap seul, un fois en caleçon, la croix pendue à son coup caressant le tatouage immense d’une croix rouge sang sur son torse, Innocent observa la carte du village qu’il avait cloué au mur. Ses yeux apprendraient chaque ruelle. A chaque ruelle, il y aurait un démon. A chaque démon, une punaise rouge. A chaque possédé, une punaise grise. A chaque victoire, une punaise blanche, et ainsi de suite, jusqu’à que ce village entier soit purifier. C’était ce qu’il disait en accrochant à ses deux cuisses les cilices profonds, son dos ruisselant déjà du sang versé par les lanières de cuir d’une flagellation récente.
Misty Hill serait purifiée, quoi qu’il lui en coûterait.





Dernière édition par Innocent d'Artois d'Acre le Dim 15 Sep - 2:06, édité 31 fois
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Timothy O'Brien
Timothy O'Brien
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+ EMPLOI/LOISIRS : tu creuses, veilles sur les tombes des défunts.
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyDim 8 Sep - 22:48

OH GOD ! LE VAVA ! Je connaissais pas du tout le monsieur, mais il envoie du lourd. †  Innocent d'Artois d'Acre †  974600893 
Le début de ta fiche est aussi à tomber. Un exorciste qui a l'air ma fois très intéressant. 32 eyes et le pseudo est également canon un truc de fou. trognon: 
Bizarrement, je trouve qu'Innocent va trop avec le vava que tu as choisi. han 

So, bienvenuuuue parmi nous. †  Innocent d'Artois d'Acre †  974600893 Bon courage pour ta fiche (que je vais surveiller de près tellement le perso a l'air géniallissime. †  Innocent d'Artois d'Acre †  1373435294)

Si tu as un besoin, des questions (ou non d'ailleurs 32), n'hésite pas à harceler le staff qui se fera une joie de te répondre. trognon:


Dernière édition par Timothy O'Brien le Lun 9 Sep - 7:11, édité 1 fois
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MODERATEUR Saint des pervers & gouverneur en chef de la tribu des Cow
C. Isaac Strokes
C. Isaac Strokes
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyLun 9 Sep - 4:37

Tim a tout dit alors je me contente de te violer avant de repartir sur ma licorne dorée eyes

BIENVENUUUUUUUUUUUUUUUUUUE ! †  Innocent d'Artois d'Acre †  974600893
Ton avatar, j'ai eu un bugg en le voyant, il gère trooooooooooooooop ! **

J'ai commencé à lire ta fiche et j'suis une grosse fanatique/groupie †  Innocent d'Artois d'Acre †  888114013
Mais je finirais plus tard, je dois aller en cours ! †  Innocent d'Artois d'Acre †  439180376

HAVE FUN ! eyes
Bon courage pour la suite ! eyes
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyLun 9 Sep - 6:08

Je te souhaite la bienvenue sur le forum :)
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyLun 9 Sep - 10:46

Je suis amoureuse de ton personnage ! De ton écriture ! De ton avatar ! olala

Je sens que vous allez former un beau duo entre toi et Faust j'ai vraiment hâte de vous lire (sauf si je me trompe T_T)

Bon par contre il nous faut absolument un lien déjà entre exorciste mais.... Waw quoi je suis vraiment éblouie par ton perso (oui je me répète mais je trouve que Innocent colle tellement à Psaume ! excited) Et puis le pseudo aussi j'ai oublié mais quelle merveille ! olala

Tout ça pour te dire bienvenue †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494

Si tu as la moindre question n'hésite pas on est là pour ça et on sera ravis de t'aider ! *o*
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LE POURFENDEUR

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyLun 9 Sep - 13:52

trognon: trognon: Que de compliments qui réchauffent mon p'tit coeur...

Merci tout le monde et j'espère être à la hauteur 32 même si je ne doute pas que mon petit Innocent risque de ne pas l'être longtemps...

non Je finis au plus vite pour jouer avec les dém vous !

Et je suis preneur de tous les liens que l'on me propose †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 

yeay †  Innocent d'Artois d'Acre †  1289564234 
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ADMINISTRATEUR Le meilleur régal du diable, c'est une innocence.
A-A Melech Abels
A-A Melech Abels
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

+ TES PRIERES : 622
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 26/06/2013
+ LOCALISATION : Partout où tu n'es pas :32:
+ EMPLOI/LOISIRS : Les draps se déplient au fil du rythme de deux corps à la danse endiablée. Vois-tu je ne reste pas inactif.
+ HUMEUR : Troubadour amusé

ADMINISTRATEUR
Le meilleur régal du diable, c'est une innocence.

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyMar 10 Sep - 14:01

Moi aussi je veux un lien †  Innocent d'Artois d'Acre †  1289564234

Oui c'est moi Cailean je vais apparaître à toi sous plusieurs formes et noms et visage 32

Mais vu comment je suis fan de ton personnage je peux pas faire autrement ! olala
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ça va être tout noir
Irvine C. Fimmel
Irvine C. Fimmel
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

+ TES PRIERES : 47
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 06/09/2013
+ EMPLOI/LOISIRS : Tenant de bar
+ HUMEUR : Bonne !

ça va être tout noir

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyMar 10 Sep - 15:50

Ton perso me fout les boules †  Innocent d'Artois d'Acre †  888114013 Mais j'adore l'idée sur laquelle t'es parti **
Comme les autres, j'ai hate de lire la suite et je kiffe ton choix d'avatar ! Bienvenue ! †  Innocent d'Artois d'Acre †  1733566458 
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Échoué - I try, but its to hard to believe.
Seraphin A. Finley
Seraphin A. Finley
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+ TES PRIERES : 83
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 30/07/2013
+ LOCALISATION : Misty Hill.
+ EMPLOI/LOISIRS : Il vient de sortir du barreau. Autrement dit, c'est un avocat.

Échoué - I try, but its to hard to believe.

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyMar 10 Sep - 16:15


    Honte à moi je ne t'ai pas encore souhaité le/la bienvenue †  Innocent d'Artois d'Acre †  1452523742 

    So, BIENVENUE †  Innocent d'Artois d'Acre †  966214776 
    Je vais rejoindre les autres, j'adore ton personnage et ta façon d'écrire eyes han 
    Et puis que dire de l'avatar olala 

    Bon courage pour le reste de ta fiche!
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le sang parlera, le sang parle toujours.
Nevaeh A. Swanson
Nevaeh A. Swanson
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

+ TES PRIERES : 104
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 27/07/2013
+ LOCALISATION : Dans un endroit où je suis tranquille.
+ EMPLOI/LOISIRS : Gymnaste en déclin, vit chez sa famille et étudie par correspondance.
+ HUMEUR : Mélancolique.

le sang parlera, le sang parle toujours.

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyMar 10 Sep - 16:34

Bienvenue !!
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LE POURFENDEUR
Innocent d'Artois d'Acre
Innocent d'Artois d'Acre
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+ TES PRIERES : 45
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 08/09/2013

LE POURFENDEUR

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyVen 13 Sep - 11:49

lol! le diable se cache sous tous tes visages, impie !

trognon: à force je vais plus pouvoir passer les portes hein...

Merciii Irviiine (oh god, Norman Reedus... dans les Boondock Saints quoi eyes eyes ) mais faut pas avoir les boules hein ! ... *regarde le pseudo en rouge* Ah. Ah bah si; En fait si 32  couteau 

†  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 ayé caramba ! merci Seraph' ! (quel joli pseudo ahah Arrow )

<3 merci Neva' !

†  Innocent d'Artois d'Acre †  1289564234 j'avance bien ! j'ai enfin récupéré mon appart, logiquement la fiche est finie d'ici ce soir ! devil devil 
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Exorciste - Je suis ton pire cauchemar démon
Nicodème S. McIlrath
Nicodème S. McIlrath
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

+ TES PRIERES : 156
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 28/07/2013
+ EMPLOI/LOISIRS : propriétaire d'une librairie / aime fumer, se plonger dans un bon livre ... Ah oui, il tue les démons aussi.
+ HUMEUR : pensive

Exorciste - Je suis ton pire cauchemar démon

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyVen 13 Sep - 12:46

J'viens de lire le début de ton histoire, et sache que tu as gagné une fan de plus han 
C'est superbement bien écrit, puis ce personnage envoie du très, TRÈS lourd †  Innocent d'Artois d'Acre †  4082948986 Nan mais va nous falloir un lien c'est bon, j'commence déjà à réfléchir †  Innocent d'Artois d'Acre †  1236775430 

Puis j'ai oublié : BIENVENUE ! †  Innocent d'Artois d'Acre †  2300162654†  Innocent d'Artois d'Acre †  2300162654 †  Innocent d'Artois d'Acre †  2300162654
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ça va être tout noir
Irvine C. Fimmel
Irvine C. Fimmel
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+ TES PRIERES : 47
+ ARRIVEE A MISTY HILL : 06/09/2013
+ EMPLOI/LOISIRS : Tenant de bar
+ HUMEUR : Bonne !

ça va être tout noir

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyVen 13 Sep - 21:55

Innocent d'Artois d'Acre a écrit:


Merciii Irviiine (oh god, Norman Reedus... dans les Boondock Saints quoi eyes eyes ) mais faut pas avoir les boules hein ! ... *regarde le pseudo en rouge* Ah. Ah bah si; En fait si 32  couteau 

 
J'm'en fiche, je te passerai dessus avant que t'aies le temps de dire un truc en latin pour invoquer le Saint Esprit †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 et tu aimeras ça †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494  et je suis génial †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 et tu verras, c'est mieux que l'abstinence †  Innocent d'Artois d'Acre †  423284494 

[oh oui les boondock saints... la scène du chat qui se fait descendre, ça m'a tué XD ]
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Innocent d'Artois d'Acre
Innocent d'Artois d'Acre
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyVen 13 Sep - 22:10

ozehfuzhefn... me passer dessus... *fait la gueule* ... J'ai du mal à dire non... NON. NON. JE SUIS SAAAAINT. *se flagelle* SAAAAAALE ! †  Innocent d'Artois d'Acre †  1269834268 †  Innocent d'Artois d'Acre †  1269834268 †  Innocent d'Artois d'Acre †  1269834268 †  Innocent d'Artois d'Acre †  2467997564 
†  Innocent d'Artois d'Acre †  3036631395 Tu vas voir par où il va te passer mon latin...
[Les BS j'ai eu plus de fou rire à voir le making off que le film sérieux XD]

†  Innocent d'Artois d'Acre †  431521271 Oh ouiii un liiien Nicoooo (oui c'"tait vraiment pour placer ce smiley Arrow)
†  Innocent d'Artois d'Acre †  1246050209 Loki, viens par là Loki voir si t'as des cornes /POUTRE/ †  Innocent d'Artois d'Acre †  1452523742
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Innocent d'Artois d'Acre
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptySam 14 Sep - 20:13

Je termine ce soir ma fiche (enfiiin) par contre faudra faire attention parce que MOI j'ai pas fait attention et à force de gratter gratter gratter, bah j'ai eu la surprise de découvrire le fameux "La longueur de votre message dépasse la limite autorisée." du coup j'ai retiré une partie de mon second poste et je l'ai mis dans le premier pour pas déranger Rolling Eyes voilà... j'écris le dernier chap' et on clôture tout ça, promis.
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Witch - Dans les ténèbres je t'appelle...
Helle Levis-Rosebury
Helle Levis-Rosebury
✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤+✤

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Witch - Dans les ténèbres je t'appelle...

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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyDim 15 Sep - 7:43

Ok j'adore... En fait non c'est bien plus que ça c'est que je suis entièrement fan de ton personnage... Vraiment c'est une pure merveille ! eyes Je suis amoureuse ! olala

A part quelques fautes d'orthographe et d'inattention je n'ai rien à redire c'est juste avec un immense plaisir que je te valide ! eyes

Par contre je te renvoie au règlement car le code est faux, lis le un peu plus attentivement et reviens éditer ta fiche quand tu l'auras trouvé eyes †  Innocent d'Artois d'Acre †  1289564234

Ah oui et je voulais dire que là je veux un lien avec tous mes persos Innocent c'est juste WAW ! Et pis ton histoire est certes longue mais comme un roman d'ailleurs je me pose plein de questions du coup †  Innocent d'Artois d'Acre †  888114013 Genre sur sa naissance 32


officiellement gueux


t'es un psaumiens wsh ! t'as réussi ta vie !

FELICITATIONS MA CAILLE, après un dur combat pour finir ta fiche t'as conquis le graal What a Face Nous sommes heureux de t'accueillir chez nous, tu fais partie de la mifa maintenant. Tu veux un cookies ? What a FaceDemande à Amélia ou Katerina, les zumelles, moi je sais pas les faire 8D
Mais hololo, attends, STOP. Avant de faire quoi que ce soit et de rp comme un lapin magique, y a deux/trois petites choses que tu dois faire.
Parce qu'on est chiants, on assume, un staff c'est là pour embêter les membres n'est-ce pas ? What a Face Alors ma moule, avant de te ruer vers tes petits camarades itout, vérifie tout de même que nous n'avons pas oublié de rajouter ton avatar dans le bottin -sait-on jamais qu'on soit un peu retardés dans notre tête, ce sont des choses qui arrivent :isaac:Donc viens nous fouetter si tu remarques une étrangeté dans le bottinou, transforme-toi en boulangère et crie à l'injustice †  Innocent d'Artois d'Acre †  356778918
Check aussi si on t'as mis ton rang -et que ce dernier soit bon, genre qu'on t'ait pas collé aux fesses le rang d'un démon si t'es exo, ça serait pas zolizoli †  Innocent d'Artois d'Acre †  888114013
Si tout est OK, tu peux désormais te lancer dans l'aventure psaumienne et aller créer ta fiche de liens et de RPs! C'est important pour les relations, les ennemis, les amis, les amours & compagnie What a Face N'hésite pas non plus à remplir ton profil c'est toujours plus swag un profil entretenu, si t'en as envie tu peux aussi faire une demande de rang ou de lieux si tu souhaites RP dans un endroit bien particulier.
Pense aussi à aller ici pour te faire bizuter parrainer What a Face enfin si tu le souhaites 32 T'as les seksy parrains qui sont là pour toi, profites-en biloute †  Innocent d'Artois d'Acre †  737403663
Et puis aussi oublie pas de venir réclamer régulièrement tes points ici et aussi à les dépenser What a Face
Allez, je t'embête pas plus longtemps, POUR FINIR, toute l'équipe espère que tu t'amuseras bien sur Psaumes et on te souhaite un bon jeu †  Innocent d'Artois d'Acre †  2111420081

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†  Innocent d'Artois d'Acre †  2111420081
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyDim 15 Sep - 13:28

Rolling Eyes J'étais sûr d'avoir changer le code pourtant... rhalala. Arrow 

eyes eyes Merciii Helle, à la revoyure en RP 32 

32 32 sa naissance haha... †  Innocent d'Artois d'Acre †  4181942878 
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MessageSujet: Re: † Innocent d'Artois d'Acre †    †  Innocent d'Artois d'Acre †  EmptyDim 15 Sep - 14:59

†  Innocent d'Artois d'Acre †  1246050209

OUI JE VEUX UN RP !!! †  Innocent d'Artois d'Acre †  2111420081 Et j'ai même plusieurs idées de liens en plus ! eyes

PS : c'est Helle trognon:
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