i need you, i guess
Elle détestait cet endroit. Ce manque qu'elle finissait par ressentir après les quelques joues d'abstinence qu'elle venait de mener. La demoiselle n'avait pas la moindre idée de la raison qui avait poussé son fournisseur à disparaître de la sorte. Elle était loin de se douter des manigances qui étaient en train de se faire. Surement trop douce pour l'endroit. Trop drôle. C'était en train de la ronger lentement, de la faire sombrer doucement dans les abysses de tellement de choses qu'elle préférerait éviter. Elle ne pouvait faire autrement, en vivant dans cet enfer qui ne lui plaisait pas le moins du monde. Ce manque. Elle le ressentait dans chaque foutu pore de sa peau, chaque parcelle de ses veines. C'est comme si ses os se brisaient doucement. Quand elle ressentait cette foutue drogue dans son corps, elle se sentait libre, quelques heures, quelques secondes, quelques instants. Une délivrance tellement illusoire, mais dont elle ne pouvait simplement plus se passer. Les barrières tombaient doucement, laissant son corps dans une euphorie qu'elle aimait ressentir.
Il était tard. Surement trop tard pour qu'elle se trouve entre les murs de l'endroit, pour qu'elle se trouve hors de sa chambre dans laquelle elle était trop souvent cloitrée. Le moyen de se sortir de cette vie qu'elle n'avait pas choisie, de laisser son esprit divaguer, de cesser de se laisser prendre par les sentiments des autres, par les sensations qui hantaient l'endroit. Son don. Elle le haïssait autant qu'elle le chérissait. Trop de sentiments contraires qui pointaient dans son esprit, qui rendait le tout encore plus difficile. Ses pieds se posaient doucement contre le sol. Hésitante. C'est exactement la façon dont Hannah se sentait. Quelques mots glissés dans son esprit, quelques images perturbantes y étaient aussi gravés. Lui. Cet homme troublant. Il faut croire qu'il y en avait pas mal entre ces murs. Elle se dirigeait vers lui, même si elle ne le voulait pas vraiment, parce que la demoiselle n'avait pas vraiment le choix. La soierie de sa robe tombait doucement contre son corps alors qu'elle montait les quelques escaliers qui montaient à son bureau. Elle n'avait pas envie d'allez vers lui, parce qu'elle savait parfaitement que cet homme n'avait rien de saint. Les images étaient dans sa tête, percutant ses temps, heurtant son crâne. Elle l'avait vu, lui, avec une autre femme. Le sang. La souffrance. Quelques bribes d'images qu'elle aurait simplement préféré éviter. Abigail ne voulait pas avoir ces images dans le fond de son esprit. Trop violentes. Trop troublantes. Quand elle le croisait, elle se projetait, la rendant fébrile, instable.
Ses doigts frêles passèrent doucement contre sa robe pour passer sur ses cuisses opalines, la lissant, comme si elle avait envie qu'elle soit plus longue, pour cacher sa peau trop pâle. Ses cheveux pâles vaquaient contre son dos. Elle ne prenait pas réellement le temps de se faire belle, parce qu'elle n'en avait rien à faire, parce qu'elle n'avait personne à séduire et parce qu'elle ne voulait séduire personne. Malheureusement pour elle, ce n'était pas elle qui sortait pour acheter les vêtements qu'elle voulait porter. Trop court. Trop frêle. Trop transparent. Elle marchait, comme une âme errante, une âme qui connaissait trop bien les recoins de cet endroit. Le manque était prenant. Trop prenant. Une partie d'elle avait envie de le repousser, de passer à autre chose, d'oublier qu'elle en avait besoin pour survivre, mais elle se pensait incapable de rester encore ici sans ce rêve illusoire dans lequel elle se laissait doucement bercer. Ce rêve qui faisait qu'elle était apte à tenir un jour de plus, une semaine de plus, un mois de plus. La blonde s'approcha doucement de la porte, laissant son regard pâle l'observer pendant un moment. Ses veines battaient contre sa peau satinée, son coeur se faisait trop bruyant dans le fond de son crâne et les images lui semblaient tellement claires, tellement présentes.
La blonde finit par donner quelques coups contre la porte. C'est la première fois qu'elle allait vers lui de la sorte. En temps normal, elle se contentait d'aider quelques filles quand elle le pouvait et elle restait enfermée entre les murs de sa chambre, mais le hasard avait fait qu'elle avait croisé Antek. Surement une mauvaise chose ou pas. Elle n'en avait pas la moindre idée. Hannah se souvenait parfaitement qu'à son contact, des images fracassantes lui étaient parvenues en tête, lui donnant un mal de tête/de coeur qu'elle ne put contrôler. Les doigts contre la poignée de la porte, elle sentit les images revenir aussi fortement en elle. Laissant son coeur battre encore plus vitre alors qu'elle entendit cette voix, sa voix. Elle ouvrit la porte. Son visage était troublé, comme la première fois qu'elle était entrée en contact avec les. Les flashs étaient violents et tellement instables que cela eut le don de lui donner le tournis pendant un court moment et c'est sa main contre le mur qui la retint en place, parce qu'elle aurait facilement pu chuter. Il fallait qu'elle reprenne ses esprits. Hannah était là pour une raison. Une seule raison. Parce qu'il lui avait laissé sous-entendre qu'il pourrait lui fournir ce dont elle rêvait. Pourquoi lui faire confiance? Elle ne lui faisait pas confiance, mais elle n'avait pas réellement le choix. La blonde laissa son regard se poser sur lui, examinant ses traits, si froids, si distant. C'était clairement lui qu'elle voyait dans ses visions et il fallait qu'elle sache qui était la femme qu'elle voyait, pour lui venir en aide. Chaque chose en son temps. Elle lui tourna le dos un moment, pour fermer la porte, juste un prétexte pour reprendre son calme et ses esprits. La médium n'était pas du genre à s'emporter aussi facilement. Une fois cela fait, elle se retourna pour s'approcher un peu de son bureau, craintive, d'une certaine façon.
« J'ai besoin de votre aide.» Sa voix était pourtant teintée d'assurance, surement parce qu'elle savait mentir, depuis le temps qu'elle passait entre ses murs, elle n'avait eu d'autre chose que d'user de fourberies. La demoiselle laissa son regard se porter une nouvelle fois sur lui, se plantant directement dans le sien. La blonde finit par s'approcher de son bureau sans le quitter des yeux.
« J'aimerais que cela reste entre nous deux.» Commencer de la sorte n'aurait surement rien de bon. La drogue affectait ses pouvoirs, quelque peu, elle était moins présente, moins à l'écoute, mais elle était quand même réceptive et comme Melech voulait d'elle pour lui venir en aide, elle se doutait qu'il n'appréciait pas qu'elle se laisse emporter dans ce genre de vice. Qu'importe.