EN BORD DE ROUTE › Façade grisante, peinture écaillée, néons clignotants autrefois attractifs et accueillants qui semblent à tout moment pouvoir rendre l'âme, depuis la mort de la précédente propriétaire le motel sur le bas-côté de la route 666 ne jouit certainement plus de sa splendeur d'antan. Ouvert aux voyageurs de passage pour leur offrir brièvement un toit sur la tête, ces derniers ne sont pas à l'abri d'avoir des visiteurs rongeurs dans leur chambre ou une fuite d'eau dans la salle de bain miteuse de chaque chambre du fait de la plomberie antique. Lieu d'apparence touristique, à bout de souffle, un motel oublié en périphérie de la ville.

AMES VAGABONDES › Assurant seulement trois transports par jour, avec à sa disposition un seul train qui n'a rien à voir avec le TGV mais qui s'apparente plutôt à ces vieilles machines à vapeur d'antan, la gare, contre toute attente, n'est pas un lieu aussi désert qu'il n'y parait. En effet, même si la petite bourgade de Misty Hill ne compte pas un nombre record de visiteurs, de touristes elle n'est pas non plus en reste. Et la gare n'est donc pas prête de fermer ses portes quand bien même il n'y a pas foule sur les quais. Les bonnes âmes qui viennent ici sont pour la plupart des petits curieux, des intéressés, des personnes qui ont eu vent de la réputation macabre de la ville, des tragédies qui ne cessent de survenir et des mythes qui enrichissent le mystère. Toutefois, outre les visites, on compte aussi plusieurs départs... à croire que les événements inexpliqués, les esprits, ce n'est pas du goût de tout le monde...

MORT DE L AME › Galopent les jambes atterrés, la peur bouillonnant le ventre des jeune égarés, sourire au coin des lèvres d’avoir profané ce lieu où les morts hantent en masse les chaires et les pétales agencés des chrysanthèmes sur ces abris de fortune ! Stèle, cryptes alors que les jouvencelles se racontent des histoires à hurler à la face argentine, les tueurs et les dévots chantent d’une même voix la fragile litanie antique du voyage vers l’au-delà. Les tombeaux des proches disparus trop tôt alignés par la force ténébreuse des croque-morts rôdant tels chacals, veillant telle mères aux enfants insouciants ! Les corbeaux présage obscur et la mort apparition fugitive dansant une valse débridée. Un rire macabre retentit.

SPHYNX PROTECTEUR › Sinistre égard porté aux rois et reines de l’antique génération, les jeunes s’en moquent, les lèvres se délient de mensonges portés aux saints ! Les adultes ignorent ! Objet de vénération pour certains, cette bâtisse souffreteuse tousse des détritus amères jetés sur le parvis de la chapelle hypocrite, illusion éphémère d’une croyance haï par celle traquée. Sorcières criaient-ils ces hommes dévots ignorants des principes amour ! Taltos de ces hautes colonnes rempli ces nuages bas de soufre, sphinx ancien protecteur des monstres surgissant ces nuits de Sabbat, ces nuits d’horreurs !

BENIE NOURRITURE › Explorent les champs de coton, de blés, de maïs sur la divine place que les fermiers il fut un temps ancien placèrent en signe de bénédiction, offrande aux grands des cieux veillant les conquis, les bannis, les proscrits ! Les innocents de leurs mains bravache grave au fer des arabesques étranges sur les hauts chênes de leurs magnificences protègent les enfants ! Ici travaillent dur labeur de soufre les âmes décharnées de solitude, les océans déchainées explorent des gouttes de cette eau arrosant les fièvres récoltes donnant plaisir et vie aux gens des campagnes, aux habitants de Misty Hill. Grands sont ces êtres aux bras forts de caractères ! Traitres sont ces silhouettes l’obscurité macabre détruisant, sinistre le cri d’horreur que l’on entend parfois !

Ô DOUCE VIVIANE › Délice des yeux pour les peintres cherchant l'inspiration ; le lac de Misty Hill semble tout droit sorti d'un conte de fées, de légendes celtes. Bordée par une chaîne de saule-pleureurs massifs qui, le matin, laissent glisser le long de leurs branches des larmes de rosée et dont les feuilles laissent passer une fine brise printanière, il s'agit certainement du paysage le plus paisible de la ville, il nous en ferait presque oublier les horreurs qui entachent la réputation de cette contrée. Vallée à l'accent triste, paysage figé, féérique, qui le soir est éclairé de la lumière des grillons et leur doux chant, une étrange impression de sécurité se dégage de cette étendue bleue argent. Mer d'acier sur lequel sont projetées d'étranges ombres mouvantes. Certains disent que les eaux de ce lac ont un pouvoir mystique, d'autres qu'il s'agit juste des superstitions des anciens.

UN PASSÉ OUBLIÉ › Les clowns, la musique festive d'un vieux gramophone qui tourne en boucle, des acrobates, il y avait tout ça auparavant lorsque le cirque était encore debout, les pointes de son chapiteau d'un rouge carmin se dressant à l'assaut du ciel. Cirque nomade qui allait de ville en ville, sa dernière représentation fut pour Misty Hill avant le terrible incendie qui le laissa pour ruines. Incident criminel ? Possible. Ou alors faute de la bêtise humaine d'avoir laissé un chalumeau près des écuries et à proximité de la paille qui pris instantanément feu. Quoi qu'il en soit les habitants peuvent à présent contempler ce qu'il reste de cette attraction. Des lambeaux, des cages aux portes grandes ouvertes, paysage chaotique où parfois certains esprits emportés par les flammes réapparaissent comme par mirage, une hallucination. Il arrive aussi fréquemment que le vieux gramophone répète de nouveau son chant, qu'on entende les acclamations du public disparu.

TERREURS NOCTURNES ; COUVENT › Patrimoine artificiel que des murs immenses s’élève tel un feu condamnant l’innocent captif de ce lieu imberbe, solitude étrange que ces âmes errantes trainent leur pied décharnés sur cette stèle obscure, objets exposés veillant les souvenirs de la fondation de la ville ! Le gardien surveille, chacal troubadour sonnant le tocsin d’un monde effacé, guidant les enfants et leur expliquant l’héritage étrange aux évènements inexplicables. Des films, des photos vieillies par des mains vagabondes, sales de crasses dévoilent des détails obscènes, une ombre furtive sur le mur des peintures religieuses angoisse cette gamine tremblante, ses mains avalées par des poches tombant des pièces ridicules sur le parquet aux stries affamées. Les nonnes, ombres s’effacent laissant des tâches souillures informes témoin des agissements de ces démone ailées la bouche pendante à leur lèvre détraqués ! Pauvre victime !